La plume de Colette Fellous s'envole vers Camille, la seule Claudel digne de ce nom, avec le père. Elle signe là une vie qu'elle fait vibrer sous nos yeux, tant elle l'a parcourue de l'intérieur à travers ses traces sculptées mais aussi les archives auxquelles elle a eu accès.

L'ouvrage date de février 2018; il est désormais essentiel pour explorer l'univers de Camille sous la forme d'un récit où l'auteure s'exprime à la première personne et balise ainsi de très nombreux épisodes de la vie de l'artiste.

Très vite, s'installe la sensation que les deux femmes se sont comprises par dessus le siècle qui les sépare, l'une en se livrant, l'autre en la délivrant dans un livre nous propulsant sur l'onde harmonique d'une oeuvre sculptée en tous points remarquable.

La phrase de l'auteure bat la mesure de cette démesure même. L'ouvrage, qui n'est donc pas une vie romancée, mais la relation d'une immersion dans la vie de Camille. Nous l'accompagnons. D'autres ouvrages sur l'artiste n'avaient pas cette belle tenue. D'une teneur qui l'honore.

Trente-cinq chapitres aux titres évocateurs surfent sur les crêtes de la déferlante artistique & investissent les creux de l'abandon par une famille confite dans les bondieusereies et la peur panique du Qu'en dira-t-on.

Qu'en dire, Raton, tant cet écartement du monde l'est sur un temps si long qu'elle en mourra ?

Rien n'aura été épargné à celle qui portera fièrement pourtant le patronyme familial à travers les siècles à venir en étant une membre à part entière de l'histoire de l'art.