1 Recosmiser   III Destins
de l'objet
 13 Le monde objectifié
     14 L'arrêt sur objet
     15 Substance ou
 insubstance ?

A. Berque parle d’un ailleurs. Plus seulement géographe (parfois égographe du soi pour notre plus grand plaisir, car l'utilité de la démarche est toujours flagrante), japonisant à travers tout, philosophe hors-champ – transparent à ceux qui
- graphent la terre
- japonisent le Japon
- philosophent la philosophie.

Il détonne
Il dénote

Et pourtant il tonne comme un orage ancrant la Terre dans sa colère contre ces hommes surfaits.
Et il note… Il annote.

L’empreinte que chaque pas pose nous est familière.
Nous la savons sans la savoir.
La matrice nous est à priori étrangère.
Nous l’avons sans la laver.


Ch. III Destins de l'objet

C'est un rappel du chapitre II, mais autant avoir sous la main ce que le Dictionnaire philosophique d'A. Comte-Sponville a à nous dire sur ces destins: « L'ensemble de tout ce qui arrive et qui ne peut pas ne pas arriver, qui ne peut pas ne pas être arrivé. Le mot s'applique spécialement à ce qui ne dépend pas de nous. Le destin est le réel même. Ce n'est pas une cause de plus, c'est l'ensemble de toutes. »

§ 13  Le monde objectifié
Quel sens prend l’objet en Mésologique (comme on dit Italique, Francique etc.) ?

L’objet moderne est aussi campé dans son TOM. 59 L’objectification exclut toute subjectité ; cela est du mécanicisme, avec Descartes  pour origine.
L’objet en soi n’est qu’une vérité inférieure, l’objet en soi « fait abstraction de notre existence alors que nous existons et que c’est nous qui la disons. » 60 J’hésite sur ce à quoi LA renvoie : la vérité inférieure, l’abstraction voire même l’existence ?
La mésologie recherche une vérité supérieure.
La logique nécessaire à cette vérité supérieure est dans la 2e partie de l'ouvrage. Elle est moins simple à comprendre que le mécanicisme qui repose, lui, sur le principe d’identité.
Nous avons aussi besoin de moteurs qui tournent (comme le mécanicisme) mais surtout nous avons besoin que cette réalité reste la nôtre, nous avons besoin que cette réalité reste notre milieu qui comporte la mécanique mais ne s’y borne pas. 60
Le COGITO cartésien peut se croire universel alors qu’il n’est que contingent.

CONTINGENCE  La contingence se situe entre le hasard et la nécessité. Pour la contingence, « Les choses pourraient toujours être autrement qu’elles ne sont, mais elle sont concrètement ce qu’elles sont en fonction d’une certaine histoire & d’un certain milieu, qui ont du sens pour & par un certain interprète » qui est un sujet individuel ou collectif. PT 207

Le COGITO cartésien perçoit une chose dont nous sommes coupés et non un objet.

Différences entre
Fétichisation  Trajection
définie  indéfinie
   = suite indéfinie d’assomptions &
 d’hypostases, ces dernières étant
 l’apparition d’une forme de vie.
Il y a arrêt sur objet.  Il y a apparition d’une forme de
 vie.
Et donc consommation
de toujours plus d’objets
= compulsion d’achats
de livres =
hypostase de la connaissance.
Cette valeur de la
marchandise dans le monde
objectifié du TOM. 61 62
 
La fétichisation « FIGE le
procès (le processus,
la progression) trajectif,
dans une seule de ses
deux phases » 62.
C’est parce qu’elle fige le
processus sur une des
deux phases
qu’elle est néfaste.
 
Je ne sais pas laquelle des deux.
Cela n’est pas dit: ou alors
je n'ai pas compris l'allusion.
Assomption ou hypostase ?
Je penche pour
hypostase mais sans aucune
certitude.
 
C’est en cela qu’elle est néfaste.  

 

On donne substance au mythe arcadien depuis 3.000 ans.
Cela finit par engendrer
-  la fétichisation,
-  l’urbain diffus,
-  le Cayenne (de Porsche),
-  le réchauffement climatique ,
-  la mystique pythagoricienne, dénoncée par Paul Jorion, par fétichisation mathématique. C’est quoi le théorème de Pythagore déjà ?
Les fétiches nous cachent la réalité de façon indéfinie.
Les fétiches nous cachent la réalité indéfiniment.
Mettre la fétichisation au jour, la désincarcérer, est essentiel. La maudire sans plus nous figerait. La maudire nous arrêterait dans notre progression.
Il faut donc dépasser la mise au jour, la dénonciation par le dépôt d’un modèle opérant, une synthèse entre Orient et Occident, ce à quoi s’attache justement la mésologie.

§14 l’arrêt sur objet

Un exemple nullepartien
Ceux qui, comme Attac, les Économistes atterrés, J.-L. Mélenchon, Y. Varoufakis et quelques autres, dénoncent sans fin / indéfiniment les errements de notre PEMC, notre Paradigme Économique Moderne Classique, sont ainsi figés, sont arrêtés dans une boucle qui mouline de plus en plus d’exemples d’errements, de dysfonctionnements du système économique classique. Alors qu'ils ont ma sympathie intellectuelle, j'ai arrêté de prendre plaisir à les lire.

Loin de moi l’intention de fétichiser la mésologie, mais j’ai trouvé amusant de créer un autre sigle, proche du POMC berquien (avec O comme Occidental), en progressant dans cet analytique de Poétique de la Terre. Le PEMC est un sous-ensemble du POMC.

Ces auteurs n’ont d’autre efficacité que celle-là: produire davantage d’exemples de même nature.
Une mésologie bien comprise, mieux comprise, moins mal comprise, pourrait se donner la tâche de désouroboriser* ces auteurs, de les sortir de cet ouroborisation* néfaste à leur créativité.
Ils amassent de livre en livre davantage d’exemples de dysfonctionnements graves, ils dénoncent, vitupèrent contre le PEMC. La gamme de leurs énervements sur de neufs exemples semble infinie. Mais limitée quant au fondement du raisonnement sur lequel ils s'appuient. Ils souhaitent que nous trouvions cela scandaleux. Et cela marche ! Nous trouvons ça scandaleux, et puis après ? On fait quoi ? On les met au pouvoir, sans rien changer d'autre ? Bof. On se recouche, alors ?
Remarquons au passage que certains de ces livres atteignent des tirages enviables, qui rémunèrent justement leurs auteurs … et pérennisent leur démarche ouroborante* puisque « ça » rapporte dans le PEMC… qu’ils s’attachent par ailleurs à dénoncer systématiquement, un peu comme on gère un fonds de commerce…


Note
* Ouroboros est un serpent qui se mord la queue. A. Berque emploie l'image. Je décline ici quelques néologismes pour montrer comme il est facile de se déconnecter du langage commun... Une illustration shivaïque d'Ouroboros est présente ici.


Par trois fois la mésologie se dit NI NI, reflétant en cela le 3e lemme (NI A, NI NON-A), la BI-NÉGATION, la NÉGATION ABSOLUE. Les trois occurrences sont:
- p. 43 dernier paragraphe du § 8.
- p. 47 dernier paragraphe du § 9.
- & p. 65 dernier paragraphe du § 15.

Il nous initie à la logique du tétralemme. Je vous remets ce tableau que j'avais déjà introduit dans l'analytique du Propos de l'auteur:

TÉTRALEMME   PT 157  
En logique En français  Selon
 YAMAUCHI
 Selon
 NAGARJUNA,
 Bouddhisme
 du grand
 véhicule
A AFFIRMATION 1er lemme  1er lemme
NON A NÉGATION 2e lemme  2e lemme
NI A NI NON-A  BI-NÉGATION,
 NÉGATION
 ABSOLUE
3e lemme  4e lemme
À LA FOIS A
ET NON-A
BI-AFFIRMATION 4e lemme,
le syllemme
3 e lemme
  Yamauchi INVERSE L’ORDRE de
Nagarjuna qui est le fondateur
du bouddhisme du grand
véhicule, une religion donc.
Son ordre est « un bouclage
indéfiniment répété sans aucun
développement de la pensée.
Pour lui, c'est la bi-négation
qui est décisive.
Yamauchi la met en
3e lemme et donc ouvre.
 PT 157  
  Pour la mésologie, le tétralemme
permet de comprendre la pleine
réalité profane, c’est-à-dire tout
simplement celle où nous
existons, notre milieu.
 PT 159  
  ON PASSE du 3e lemme au
4e lemme par la LEMMIQUE DU
C'EST-À-DIRE « dans une
immédiateté à la fois
temporelle & spatiale
qui relève de l'intuition,
non de la dialectique. »
   
  Entre deux termes, A & B SOKU /
c'est-à-dire exprime un rapport
dans lequel A est/n'est pas B.
C'est bien le 4e lemme,
le syllemme où l'on prend
à la fois A & NON-A.
 PT 159
 

Ce refus de choisir entre A et NON-A est ce qui permet de sortir du « cercle vicieux » dans lequel Ouroboros semble infiniment pris.
Ce qui intéresse la mésologie, c’est le passage, le mouvement de va-et-vient de l’un à l’autre, ce que l'auteur nomme en Mésologique TRAJECTION. Il faudra donc chercher autour de la TRAJECTION les éléments de cette SORTIE PAR LE HAUT que j’appelle de mes vœux, à la suite d’A. Berque - et dans son strict sillage, mes pas étant mésologiquement trop incertains encore -, car ce mouvement de va-et-vient entre PT & cet analytique est également productif, à ce que je vois !

§ 15 Substance ou insubstance ?

L’exemple pris par l’auteur ici est le paysage. Son intérêt pour cet indicateur de prise de conscience du milieu environnant est bien documenté. Extrait du lexique:

PAYSAGE  On ne peut parler de paysage que si, par ordre de
 discrimination décroissante, il existe:
 1. une réflexion explicite sur le paysage
 en tant que tel;
 2. un ou plusieurs motspour dire paysage;
 3. une représentation picturale du paysage;
 4. des jardins d’agrément;
 5. une littérature (écrite ou orale) chantant
 l’aménité de l’environnement. PT 51
PAYSAGE Mode sensible de la relation d'un sujet individuel
ou collectif à l'espace & à la nature;
implique particulièrement la vue
et les échelles moyennes. PT 229 PT 185

 

  « Quant au paysage,  
tout en ayant
substance,
  il tend vers l'esprit. »
(Zong Bing,
Traité du paysage)
  LA NOTION
APPARAÎT
 
Où ? Chine Europe
Quand ? 4e siècle Renaissance
Domaine ? Poésie Peinture

 

A. Berque en profite pour asseoir un des concepts-clés de la mésologie: la trajection.
SUBSTANCE
= forme matérielle
= matière
= état natif, sans idée de forme note 77, 63
« Le paysage ne se borne pas au topos de sa forme matérielle. Il l’excède, il tend à être pour nous quelque chose (S/P). » Cette tension est trajective.
Chose: « Les choses de la vie sont trajectives, [les choses] ne sont pas des objets arrêtés comme on épingle (tue) un papillon. » 64

Pour reprendre la phrase de Zong Bing ci-dessus, en la mésologisant*:

Substance     TRAJECTION     Insubstance
                 <------------>
                 Mouvement
                 trajectif

S                 ASSOMPTION           P
                 -------------->
             INTENTION/ATTIRANCE
L’environnement (S) nous attire en tant que paysage (P).

S’                HYPOSTASE    P
                    <------------
 Transformation matérielle du paysage
Villas
Routes

Tout est dans le ‘ de S. L’environnement est modifié par l’apport de villas, de routes etc.
Zong Bing ne voyait que --------------> le mouvement d’assomption

Le TOM (l'homme moderne) ne voit que l’autre <------------ mouvement d’hypostase, qui réifie le paysage, le transforme en chose.

Et à force de le « substantialiser », il tue le paysage « par arrêt sur objet comme on le voit bien dans les effets ordinaires du tourisme et de la villégiature. » 65 Par fétichisme.

Avant de conclure cet article, j'ai éprouvé le besoin de relire les définitions suivantes (elles ne rentrent pas !):

ASSOMPTION
[asɔ̃psjɔ̃]n. f.
ÉTYM. 1680; asumption, fin xiie-début xiiie,
asumpciun, 1119; du lat. assumptio
« action de prendre, d'ajouter,
d'assumer ».
1  Relig. cathol. Enlèvement miraculeux
de la [...] Vierge au ciel par les anges.
Dormition et assomption de la [...]
Vierge.
L'ascension du Christ et l'assomption de
la Vierge.  2  Didact.
Action d'assumer,
de prendre en charge, à son compte.
L'assomption d'un risque.
ASSOMPTION Exemple: Le pétrole S (= la terre) existe
en tant que carburant P. En retour,
l’assomption se substantialise en
transformations matérielles de la terre
en routes, en réchauffement climatique.
Cette trajection-là ne vaut que dans
notre monde, pas dans celui de la vache
ou d’un Français du XVIIIe siècle.
hypothèse: Le sens des mots nait
historiquement de ce processus
trajectif qui est le moteur de l’évolution.
(réf. personnelle manquante, AB)
HYPOSTASE Stasis = action de se tenir; substances
distinctes; la trinité chrétienne = hypostase
divine; c'est la substantialisation = se tenir
dessous; apparition de nouvelles formes
de vie. PT 20
HYPOSTASIER  Considérer (un concept, une idée) comme
 une substance; prendre pour un fait,
 une réalité. Hypostasier un mythe.
 PT 61 MESO 65 LGROB

 


Note
* Mésologiser: (néol.) Transformer une phrase du passé en forme compatible avec l'approche philosophique du réel que propose la mésologie. Parfois, mettre le réel en équation logique. Dérivé: mésologisation: transformation d'une phrase en forme compatible avec l'approche philosophique du réel que propose la mésologie; parfois, mise du réel en équation logique. (hmm...)