Une récente pérégrination gantoise a conduit mes pas vers une librairie flamande. J'y scrute le rayon wijsbegeerte (philosophie) & je tombe sur cet ouvrage dont la première impression date de 2012. Il en est à sa troisième. La traduction en néerlandais s'adosse à un manuscrit retrouvé dans les archives vaticanes.

Leen Spruit raconte d'une postface (298-307) la découverte de ce manuscrit qui avait d'abord échoué dans les petits papiers de l'inquisition. Il a ensuite été transféré en 1922 à la bibliothèque vaticane. Sans titre, il avait été identifié sous un titre erroné dans le catalogue. Il a fallu que ce spécialiste de Spinoza consulte le manuscrit pour que l'erreur apparaisse. Entre 1922 & 2010, il avait été dormant, inaccessible en quelque sorte.

Les dix pages de la postface sur l'histoire de ce manuscrit désormais disponible sont fascinantes.

La traduction néerlandaise est due à Corinna Vermeulen, tandis que les notes sont d'elle & de Han Van Ruler.

Sept ans plus tard, Les Presses Universitaires de France annoncent pour le 15 mai 2019 une traduction française de la main de Pierre-François Moreau comme quatrième tome des oeuvres traduites par le même chercheur:

Voici la présentation qu'en fait l'éditeur sur son site: « Résumé

Ce volume contient l’édition critique et la traduction française de l’Ethica, munies d’une introduction, de notes et de deux annexes (sur les mathématiques et la physique). L’établissement du texte par Fokke Akkerman et Piet Steenbakkers prend pour base l’édition latine des Opera posthuma de 1677, confrontée avec la version néérlandaise des Nagelate Schriften et avec le manuscrit récemment découvert dans les archives du Vatican – seul témoin connu de l’état du travail en 1675, transcrit par un ami de Spinoza (van Gent) à l’usage d’un autre (Tschirnhaus) et demeuré inconnu jusqu’en 2010. La traduction de Pierre-François Moreau met en application les principes définis pour la série des œuvres de Spinoza, fondés sur la recherche de la cohérence lexicale et conceptuelle et sur l’analyse des écarts sémantiques. Elle établit la première édition française du livre le plus célèbre de Spinoza prenant en compte les apports du manuscrit découvert en 2010. »

J'attendrai la parution française pour effectuer, en amateur (mais aussi en lecteur du néerlandais) une comparaison entre les deux, notamment sur l'histoire du seul manuscrit retrouvé, de la main d'un copiste du 17e siècle Pieter Van Gent (300). Il se pourrait que l'édition française soit quelque peu retardée... Le marketing éditorial est affirmatif pourtant...

Il sera aussi intéressant de

  • comprendre pourquoi la traduction française a mis plus de temps que la néerlandaise à s'offrir en lecture
  • constater si l'édition est bilingue ou non. La fiche Wikipedia consacrée au traducteur le laisse en effet entendre: « il travaille à une édition bilingue des œuvres complètes de Spinoza en cinq volumes ».

Notons enfin que le texte latin du manuscrit a fait l'objet d'une édition savante par la même équipe aux éditions Brill. L'appareil critique est en anglais. Le lien vers cet ouvrage.