Une femme aux idées claires, à l'esprit pointu, vindicatif - non apaisé -:
À Léa Salamé: - Vous vous êtes autorisée à dire que mon bilan tient en deux phrases. Donc je vous détaille mon bilan.
À Yann Moix: - Vous pouvez être un peu moins narcissique ce soir, Mr Moix ? Cela me reposerait.

Ces deux répliques disent beaucoup sur cette intellectuelle de haut vol.

La prestation (lien ici dès la 42e minute) de l'ex-garde des sceaux de la République française ce 6 février 2016 lors de l'émission On n'est pas couché est exceptionnelle à bien des égards: précisions chiffrées, argumentations serrées, paroles fortes ont renvoyé tout le monde à son bac à sable.
C. Taubira a montré en quoi avoir une vision et s'y tenir coûte que coûte est essentiel à la seule façon de gouverner qui soit respectable: le gouvernement éthique de la parole donnée tenue. Elle s'est à ce poste hissée à la place la plus haute de représentante du Peuple.
L'acteur Philippe Torreton a eu des mots justes à son égard. Elle l'en a d'ailleurs remercié.

Par des chemins différents, C. Taubira - J.-L. Mélenchon surfent sur la même vague éthique, sans convergences encore; pourtant le combat est voisin, la famille intellectuelle proche. Il faudrait que la gauche de la gauche se rassemble plutôt que de se diviser, aussi bien en France qu'en Wallonie.

Aucune critique n'a été formulée à l'égard des représentants officiels de la France, le Président et son Premier Ministre. Seule la grandeur permet cela. Ses développements paraissent adossés à des raisonnements sans faille.

En trois années trois-quarts, elle a un bilan digne de Robert Badinter. En la voyant être ainsi pendant presque une heure et demi, je comprends pourquoi elle a épuisé tant de ses collaborateurs: ils n'étaient probablement pas à la hauteur. Yann Moix a montré les limites de son art; à sa décharge, elle a livré des chiffres, des faits auxquels il est probable qu'elle ait été la seule à y avoir eu accès.

Elle est aussi dotée d'une mémoire sans faille, parle sans notes, enchaîne les affirmations fortes qui laissent ses contradicteurs plus imprécis, voire obligés, sans voix. Et dès lors que ces deux bons journalistes sont « payés » pour alimenter le débat, ils ne peuvent que radoter au creux d'un égo pour une fois mal embouché.

Justice ardente - Ministre ardue

Le seul (petit) défaut dans la cuirasse est cette hargne non apaisée dont elle fait montre. Elle se traduit par une occupation presque totale de l'espace sonore, servie qu'elle est par une voix puissante, une syntaxe solide, une ampleur hors du commun. Dompter cela, le mâtiner de bienveillance non revendicatrice (ou moins) participerait de la Force positive propre à la gauche éthique.