La citation liminaire, de la plume de Jacques Bouveresse, situe assez bien le type de lecture profane auquel je me suis livré avec cet ouvrage de V. Despret datant de 2015:

« Pour Wittgenstein, l’importance de la philosophie est celle du langage lui-même, de sa place dans nos vies, de son emprise sur nos façons de penser et d’agir.
Comme il l’a écrit un jour, “le langage est tout” et c’est à leur lien intime avec le langage que les problèmes philosophiques doivent

  • leur spécificité,
  • leur profondeur
  • et leur difficulté.

Derrière ces problèmes, il n’y a généralement rien d’autre que de la confusion et du brouillard linguistique.
Mais encore faut-il accepter de faire ce qui est nécessaire pour les dissiper.
Qualifier de “non-sens” la plupart des choses que disent les philosophes ne résout évidemment aucun problème.
Le trajet de la philosophie consiste à passer d’un non-sens caché à un non-sens manifeste, en surmontant, pour y parvenir, des résistances d’un type spécial.
Ce que dit Wittgenstein sur la façon dont un problème philosophique peut être posé et résolu ne constitue pas une incitation

  • à la paresse (anti-)philosophique,
  • mais à un travail
    • d’une difficulté particulière
    • et dont le résultat n’est en aucune façon garanti. »

Jacques Bouveresse, extrait de Essais III, Wittgenstein & les sortilèges du langage, éd. Agone.
Cet extrait figure sur le site de l'éditeur. Il engage à lire l'ouvrage entier, non encore lu donc.


La continuité de lectures philosophiques m'a remis dans les mains un ouvrage de Clément Rosset intitulé L'invisible. Il est en plein au coeur de la problématique soulevée & (mal)traitée par V. Despret. Il sera longuement question de ce bonheur des morts après ces deux ou trois citations extraites de L'Invisible.

Le quatrième chapitre de l'ouvrage s'intitule Spectres & fantômes. Il s'ouvre sur une citation: "J'aimerais connaître votre opinion concernant les spectres." Lettre de Hugo Boxel à Spinoza. Clément Rosset, pour qui le réel est sans double, entreprend de démontrer patiemment, au moyen de quelques exemples littéraires, pourquoi, notamment, Croquemitaine n'existe pas.

Hamlet: "Tenez, regardez, là ! Voyez comme il se dérobe. Mon père, vêtu comme de son vivant ! Regardez, le voilà justement qui franchit le portail.

Sort le spectre

La Reine: "Tout cela est forgé dans votre cerveau; le délire  le don de ces créations fantastiques." (Trad. Victor Hugo, citée par C. Rosset, p 64. Le commentaire qu'en propose C. Rosset: « Ce qui importe n'est d'ailleurs pas qu'il ne voie pas mais qu'il croie voir: nouvel exemple de la perception illusoire qui ne consiste pas à voir l'invisible, mais à s'imaginer qu'on le voit. » 65


Dans un autre registre, moins littéraire & artistique, un court extrait de la réponse de Spinoza (lettre 52) à la première lettre de Boxel (lettre 51) vaut aussi une joie cordiale: « ... Il sera très difficile de conclure d'un récit que les spectres existent. On conclura assurément qu'il y a quelque chose, dont personne, pour autant, ne sait ce que c'est. Mais si les philosophes veulent nommer "spectres" les choses que nous ignorons, je ne pourrai pas dire le contraire car il y a une infinité de choses que je ne comprends pas. ... »

Le courrier occupe les deux correspondants à trois longs échanges épistolaires qui prennent dans cette édition de poche une vingtaine de pages (292-313). Spinoza y argumente pied à pied, sans rien concéder

 Fort de ces réfutations par anticipation, abordons dès lors cet ouvrage intitulé Au bonheur des morts.


Une lecture profane

Plan

  • Signes, hasard objectif & convergences de contingences
    • Signes: caractères définitoires
    • Hasard objectif (J. F. Billeter) & contingence (A. Berque)
  • Comme si
    • Que retenir de cette lecture linguistique ?
  • Lecture-reprise par le début
  • Quête
  • Énergie universelle
  • Méthodologie
  • Une lecture profane, d'après P. Macherey (à venir)

Signes, hasard objectif & convergence de contingences

Quand, à l'automne 2020, j'ai repéré une pile de cet ouvrage parmi les trésors de la librairie liégeoise, je sortais de la lecture d'Habiter en oiseau. Je n'ai donc pas hésité à me saisir d'un exemplaire. En 2015, il m'avait échappé; ou alors (c'est une expression glanée dans l'ouvrage pour sortir du mutuellement exclusif ou bien ... ou bien) j'avais décidé que l'ouvrage ne m'intéressait pas.

J'ai abordé l'ouvrage par son sixième chapitre intitulé Penser en vacillant pour la simple raison qu'il consacre plusieurs pages à décrire & qualifier les signes (pp. 147-152). J'ai ensuite continué à lire jusque la fin avant de reprendre ma lecture par le début.

Ce livre résulte d'une enquête que l'autrice a menée, en compagnie de plusieurs mémorantes de mastère, sur des "récits de ceux qui restent" qui « un jour ont eu leur attention attirée" par une coïncidence. Il leur vient l'idée, la conviction que cet "incident" ne peut avoir été fortuit. (n7, p. 152)


Signes

Les signes « nous prennent par surprise. Ils sont de l'inopiné à fleur de routine, comme le dit Marcos Mateos. C'est là leur humour. » M. Mateos, que l'autrice présente en note comme philosophe, semble être intervenu positivement à plusieurs reprises auprès d'elle en cours de rédaction pour lui suggérer diverses formulations. Le site qu'il a aidé à alimenter entre 2011 & 2014 n'est pas forcément ma tasse de thé... Mais prenez donc le temps d'y naviguer par vous-même pour vous en faire une idée plus complète.

En se manifestant à ceux qui restent, les signes peuvent endosser les caractères définitoires repris dans le tableau ci-après:

Les signes procèdent par
  1.  allusion
  2. dérivation
  3. l'apostrophe
  4. répétition
  5. insistance
  6. détournement
  7. intensifitication (149)
  8. attestation
  9. discrète sensation
  10. complicité, connivence;
  11. les signes sont vulnérables
    « face à l'accusation de dépendance par rapport à celui qui le reconnait comme signe ».

Cette vulnérabilité (point 11), l'autrice en attribue la raison à l'absence de

  • lexique,
  • dictionnaire,
  • système de recconnaissance ou de conversation,
  • de technique de traduction.

La tentative d'extraire onze caractères définitoires figurant dans le fil des paraphes de l'ouvrage constitue peut-être une étape intermédiaire entre lexique et dictionnaire sous la forme de ces caractères définitoires, un concept propre à la terminologie notionnelle.

Ces caractères, l'autrice les repère dans les récits que ses rencontres & courriels lui ont livrée.

Quand, à la fin du dernier chapitre, p. 208, l'autrice écrit: « ces histoires n'enchantent pas le monde, comme on dit souvent, mais résistent à sa désanimation. Elles ne luttent pas contre l'absence, mais composent avec la présence ». L'autrice postule l'existence, la réalité de "la présence" comme un donné dans les récits dont elle rend compte. Elle ne semble pas explicitement prendre en compte que cette présence puisse être le produit du mental de leurs autrices/auteurs.

Le concept de convergence de contingences indépendantes l'une de l'autre n'est jamais envisagé.

Ailleurs sur Nulle Part, j'avais essayé, en compagnie de J. F. Billeter et d'A. Berque de dégager les notions de hasard objectif et de contingence.

Hasard objectif = « Instant fulgurant pendant lequel

  • le réel
  • & l'imaginaire

soudainement coïncident. » 212

Un hasard est « un accident que la conscience ne peut qu'enregistrer passivement. » 212

A. Berque définit ainsi la contingence:

 CONTINGENCE  La contingence se situe entre le hasard et la nécessité. Pour la contingence, « Les choses pourraient toujours être autrement qu’elles ne sont, mais elles sont concrètement ce qu’elles sont en fonction d’une certaine histoire &d’un certain milieu, qui ont du sens pour & par un certain interprète » qui est un sujet individuel ou collectif. Pour définir le lien entre langue et pensée, pas de causalité mais de la contingence. Le terme provient se co-toucher (cum tangere).  Poétique de la Terre 207 & PT §32 150

Le hasard objectif de J. F. Billeter & la contingence telle que définie par A. Berque me semblent proches.

Il m'a semblé utile d'y faire référence ici. Les récits de ceux qui restent rassemblés dans cet ouvrage semblent mobiliser les marges de la part consciente du mental propre à leurs autrices/auteurs. Ils/elles évoquent un épisode de leur vie dont le récit rend peut-être compte d'un constat d'instants fulgurants pendant lesquels le réel & l'imaginaire soudainement coïncident pour eux/elles. Des contingences indépendantes convergent en un point P à un temps T.

Un peu comme si ces récits pouvaient aller jusqu'à faire la

  • confusion entre des évènements qui arrivent en même temps & le fait que ces évènements seraient liés par une cause,
  • confusion entre corrélation & causalité donc. [D'après Gérald Bronner sur Usbek & Rica.]

Le recul que prend cette discussion sur signes, hasard objectif & contingence vise aussi à montrer l'intérêt que suscite la présentation de ces récits. Il aiguise le sens de la répartie ! L'ouvrage est passionnant de bout en bout, même si il demande en beaucoup d'endroits de suspendre toute forme de réalisme terre à terre, souvent ma tasse de thé, du coup ! La méthode mise en pratique par l'autrice est rigoureuse par son humanité & son souci constant de déshabiller les mécanismes à l'oeuvre pour les qualifier de manière intéressante, souvent originale.


Comme si
Les dix dernières pages contiennent une belle analyse transversale des récits recueillis en se concentrant sur la conjonction double "comme si".

Il m'a paru intérêt de me pencher sur ce que le Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne de Daniel Blampain (De Boeck/Duculot, 2000, p.148-9) pouvait en dire:

 

Le lien ci-dessus signale qu'une 6e édition a été publiée en 2012.
Elle ne m'est pas accessible.
La couverture signale bien la filiation entre le Dictionnaire original
conçu par Joseph Hanse en 1949:
la comparaison des deux éditions qu'un demi-siècle sépare
trace bien les progrès réalisés,

  • à la fois éditorialement (D. Blampain est professeur émérite
    de linguistique française à l'ISTI -Haute École de Bruxelles-
    & l'initiateur du groupe Termisti de terminologie notionnelle −
    j'en ai fait partie pendant 6 ans);
  • par l'ajout d'une numérotation est par exemple très porteur;
  • & typographiquement, il n'y a pas photo, comme on dit !

 indicatif plus-que-parfait,
subjonctif plus-que-parfait
[« Le subjonctif est un mode utilisé
pour exprimer un doute,
un fait souhaité, une action incertaine
qui n'a donc pas été réalisée au moment où
nous nous exprimons.
Le subjonctif s'emploie avec des verbes exprimant
l'envie, le souhait, le désir, l'émotion,
l'obligation, le doute ou l'incertitude
. »]

Que retenir de cette lecture linguistique ?
La double conjonction comme si à l'intérieur d'une phrase est employée "dans le système conditionnel de l'irréel". "À l'intérieur d'une phrase, comme si dépend d'un verbe & introduit une hypothèse conditionnelle comparative: Il parle comme s'il était fâché. Il y a là une ellipse. L'énoncé complet serait: il parle comme il parlerait s'il était fâché." Il n'est donc pas fâché. La discussion sur la concordance des temps par Blampain est précieuse. Dans le tableau, la 3e cellule de la colonne de droite comprend d'utiles rappels d'usage de ces modes et temps...

Deux exemples tirés de l'ouvrage de Vinciane Despret permettront de mieux saisir l'irréel dans les phrases:

  1. "C'est comme si elle avait voulu me faire savoir quelque chose." (195) La phrase originale contient une ellipse; la phrase qui suit rétablit la phrase complète en supprimant l'ellipse = "C'est comme cela aurait été si elle avait voulu me faire savoir quelque chose". Mais je sais qu'elle est morte & que cela n'aurait pas pu être comme ça; elle ne peut donc pas avoir voulu me faire savoir quelque chose. C'est moi qui ai cru/ai eu l'impression qu'elle a eu/aurait pu avoir cette volonté-là mais je continue à ne pas perdre de vue qu'elle est morte et que cela est impossible. J'ai juste voulu exprimer une impression/un ressenti dont je sais qu'il est imaginaire.
  2. C'est comme s'il était près de moi = C'est comme cela aurait été s'il avait été près de moi [quand il était vivant].

Le verbe est conjugué au conditionnel passé puisque les récits de ceux qui restent concernent des personnes décédées. Le mode conditionnel « Le conditionnel est un mode utilisé pour exprimer un souhait, une hypothèse ou, comme son nom l'indique, un fait ou une action soumis à une condition. »

Vinciane Despret: « Un signe fait signe: qu'est-ce qu'on fait avec cela ? Eh bien, on fait comme si. C'est-à-dire: on répond, on l'accueille comme une intention. C'est ce que le signe demande. C'est le fond de malentendus sur lequel il fonctionne. La réponse lui donne sens comme signe. C'est pragmatique. C'est "comme cela", alors il faut répondre. Devient signe ce à quoi on répond. Le "comme si" est un des chemins que prend le signe pour devenir une énigme. "Qu'est-ce qu'on fait avec cela ?" Le récit commence là. » 202

Le recours à la linguistique précise (c'est du conditionnel irréel et il y a une ellipse) en la précédant l'analyse des récits recueillis par l'autrice. Son décryptage à la fin de l'ouvrage devient alors "lisible" par la petite minorité à laquelle j'appartiens...

La discussion plus haut soutenue par deux philosophes sur le hasard objectif & la convergence de contingences reste valide

& le "comme si" est une ressource que la langue nous offre pour formuler l'hypothèse d'une sensation/perception de présence dont nous savons qu'elle est impossible/irréelle.

Vous aurez noté comme moi la double apparition de "réel" dans les définitions

  • du "hasard objectif": réel + imaginaire
  • & du "comme si"= conditionnel irréel avec ellipse.

Lecture-reprise par le début
Le lecteur que je suis, en tant que personne, appartient à ceux qui ont « l'idée que les morts n'ont d'autre destin que l'inexistence [;cela] atteste d'une conception de leur statut [= du statut des morts] très locale & historiquement très récente. » 12 Pour appuyer cette assertion, Despret cite un ouvrage de M. Molinié: la mort comme ouvrant seulement au néant « est certainement la plus minoritaire dans le monde. » (12, n6).

Quand on dit de quelqu'un: Il a certainement raison, nous signifions que le locuteur ne l'a pas vérifié & que dès lors nous n'y mettrions notre main à couper ! Autrement dit, la certitude n'a pas été vérifiée.

Plus loin, p. 45, l'autrice affirme par ailleurs, toujours sans chiffrage, qu'à notre époque « quantité de livres interrogeant la possibilité d'entrer en contact avec les défunts sont publiés chaque année, comme sont écrits un nombre encore plus impressionnant d'ouvrages affirmant (ou reposant sur l'idée) que la mort débouche sur le néant ». 45

Un des mérites du livre est sa grande authenticité: l'autrice nous y fait part des étapes de sa progression en cours de recherche comme cette décision de ne plus interroger les personnes rencontrées mais simplement de les écouter raconter. C'est précieux pour rester accroché à cet ouvrage, en tant que "néanteur...", même si l'expression "la mort ouvre seulement sur le néant" est une approximation simplificatrice. Quand l'assemblage atomique, cellulaire d'un corps a fait son temps, il se décompose. C'est l'assemblage qui retourne au néant, déniant par là l'éventualité d'une prolongation quelconque de la vie qui battait en ce corps-là sous une autre forme; toutefois, l'énergie universelle propre à la kundalinî telle que nous l'expose L. Silburn dans un de ses ouvrages, elle, est infinie. L'élégance épurée de cette explication se faufile en provenance du Cachemire... pour formenter une hypothèse qui lui semble tenir la route.


Quête
C'est au sortir du 3e chapitre que l'autrice formule la quête qu'elle a souhaité aborder dans la suite de son ouvrage. En compagnie de "ceux qui apprennent à s'y risquer" 72, elle part en quête dans les brèches qui opposent être et non-être. Cet ouvrage est une enquête qui explore les interstices perçus (on est dans une "écologie des sentir" 68, un milieu de perceptions, de ressentis tournant autour des cinq sens) qui agrandissent l'espace entre vie & mort dans le vécu de certaines personnes qui restent & continuent de vivre après la mort d'un proche/d'une connaissance. De longs développements auront d'ailleurs été consacrés à définir différents types de milieu dans lesquels cette exploration peut s'épanouir avec profit.

J'ai choisi le terme interstice plutôt que opposition (choix de l'autrice) dans la formulation de la quête qui caractérise cette recherche despretienne, car il élargit & précise encore l'objet de la quête & la rend "compatible" avec mes propres lectures sauvages concernant l'énergie telle que le tantrisme shivaïste du Cachemire & la philosophie taoïste peuvent les envisager.

L'ouvrage cite un passage d'un excellent ouvrage, Comment pensent les forêts, d'E. Kohn dont Nulle Part recèle une lecture "experte" (c'est un terme hérité de la linguistique pragmatique, version François Richaudeau). La traduction de l'original anglais est parue en 2017, trop tard pour être incluse dans le "bon à tirer" en 2015 ! L'ouvrage inclut donc le rôle perturbateur dans un village bulgare de l'apport joué l'énergie électrique dans la "disparition des revenants" 65.


Énergie universelle
Parmi les nombreux textes, poésie & prose confondues, consacrés à l'énergie sur Nulle Part, j'ai retenu ceux-ci:

D'autres textes sont disponibles en tapant "énergie" dans le moteur de recherche interne au site.

Ils envisagent un "milieu" propice à épanouir le corps tant qu'il vit. Une fois l'énergie éteinte, l'énergie hébergée par un corps le temps de son séjour terrestre serait restituée au flux énergétique universel (qui propulse notre galaxie, la voie lactée) pour s'y fondre à nouveau. Rien ne se perd, rien ne se crée, n'est-ce pas ? Les philosophies extrêmes-orientales recèlent d'autres approches exploratoires des interstices, peut-être davantage compatibles avec l'évolution des sciences (dures) autour de l'astronomie ultracontemporaine.Plusieurs essais sont consacrés à celles-ci dans le recueil L'Inde au coeur.

Ces philosophies hors occident lui offriraient d'ailleurs l'occasion de sortir de ce dualisme désuet, inapproprié aux sciences contemporaines tel qu'hérité de Descartes, cette dichotomie réductrice entre corps & esprit, entre vie & mort au profit du tiers inclus, tel qu'il est notamment cher au bouddhisme, mais revisité par Augustin Berque... Voir sous le terme tétralemme dans la Terminologie mésologique dynamique ailleurs sur ce site.

Elles offrent enfin une clé de lecture originale aux récits de ceux qui restent dans cet ouvrage car une lecture trop littérale de ces récits rencontre plus qu'un scepticisme poli de la part de ce lecteur-ci, notamment face aux cercles spirites, M. Mateos, etc. D'où les précisions d'ordres philosophique (sur le hasard objectif & la contingence) & linguistique (sur le comme si réinterprété).


Méthode
L'autrice a souhaité se laisser guider par les conseils reçus de la part de personnes rencontrées. Cela caractérise sa démarche & atteste de sa volonté de s'immerger dans les couches profondes de son sujet ainsi que le probable souhait de se mettre en connivence avec ses contacts. C'est en cela que sa lecture demeure passionnante de bout en bout du fait qu'elle nous livre des récits passés au crible de sa quête. Les outils qu'elle met à notre disposition permettent de décoder en grande partie ce qui est fabulé (le verbe figure plusieurs fois dans l'ouvrage) dans ces récits. « Fabuler II. Présenter comme réels des faits imaginés par l'esprit » nous rappelle le TLFi. Le comme si prémunit celles & ceux qui restent contre toute forme de disjonction déstabilisante.

À venir: la lecture profane vue par Pierre Macherey


Sur une thématique proche, deux autres ouvrages ont fait l'objet d'une recension sur Nulle Part. En cliquant sur la couverture de chaque ouvrage, vous y accèderiez.

Par ailleurs encore, un entretien, publié sur Diacritik, avec Philippe Baudouin à propos de deux de ses ouvrages parus fin 2021, montre qu'une attitude autre que celle de Mme Despret est possible sur ce sujet.