MYSTIQUE
L'adjectif mystique dérive du grec. Il signifie "initié", avec une connotation de mystère, d'attributs cachés, secrets.
Le privilège qui se manifeste dans l'instant mystique est du déjà-là. On en constate la présence. On (re) connait la pureté de sa présence subjective à ce déjà-toujours-là, indépendamment de toute voie d'accès qui y aurait conduit.

J'ai noté que cet état se rejoint en ayant abandonné la veille, le rêve & le sommeil profond. Il s'agit peut-être moins de le rejoindre que de noter/ de constater sa présence privilégiée. Privilégié est un autre adjectif mis en avant à côté de poétique et mystique pour qualifier l'instant.
Pour nommer cet instant, poétique, à côté de "instant créatif", adjectif synonyme de poétique,  a ma préférence.
En insistant dès le titre de l'ouvrage sur la qualification de mystique, c'est un peu comme inviter le corps-conscience de ce lecteur-ci
  • à soulever le voile de mystère,
  • à établir lexicalement la présence instantanée exceptionnelle de ce quatrième état.
Le quatrième état manifeste sa présence par un débit vocal ralenti, posé, accédant de façon naturelle, sans effort, aux mots précis à déposer dans la conversation.

Disposer d'un accès exceptionnel à ce quatrième état ne dépend en rien de l'exercice d'une volonté quelconque sur le corps, de l'extérieur. Il ne s'agit donc pas d'une possession. Pas plus que cet état ne nous possède, nous ne sommes pas possédé·es par lui. Il survient, voilà.
Ce quatrième état, on en constate la présence au déjà-toujours-là. Il consiste peut-être bien à la dissolution du soi dans le je-universel que l'instant reconnait l'exceptionnel dont il a libre disposition. (Un tableau p. 106)
Il n'est d'éveil qu'exceptionnel, le sorti de la vie ordinaire, déjà calme, sereine, vibrante.
L'éveil de ce quatrième état se rend disponible quand l'instant éveille l'instant pour l'accomplir. C'est l'instant qui agit en soi & non le soi qui dispose de l'instant. L'instant dispose du soi comme d'un porte-voix/porte-voie. Cela constitue un garde-fou comme l'absolutisme de l'orgueil gouroutique (p. 103)
Tenir consciente la marge énorme, la faille géologique de profondeur abyssale, qui sépare le soi du je-universel est de nature à prémunir le corps de cet excès d'orgueil.

L'instant est créatif. Sa créativité propre consisterait à déposer le corps sur la crête d'une vague énergétique assez soutenue pour lui laisser la liberté de disposer d'assez de temps, de stabilité en somme, pour développer une intuition instinctive adéquate.
Il est considéré comme exceptionnel. Il se caractérise par le surgissement inattendu d'une expérience particulière qui fait rupture avec la vie ordinaire. 29
L'instant & la durée appartiennent à deux ordres absolument différents. 87 Cet instant privilégié est instant d'illumination. Le temps apparemment continu est factice. Notre activité engendre le temps continu pour les besoins de la vie pratique. 88
Un vide interstitiel sépare deux instants successifs. Aucun temps n'unit substantiellement deux instants successifs. Seules les choses instantanées sont efficientes.

Il semblerait que certains ouvrages de Carlo Rovelli, astronome italien travaillant à Marseille, lance des ponts dans une direction intellectuellement compatible avec ces développements silburniens sur base de sa connaissance approfondie du shivaïsme moniste du Cachemire.
Deux passages de cet ouvrage-ci sont consacrés aux quatre états: le premier commence à la page 89, tandis que le second complète le premier à la page 147.

89 Les quatre états psychiques fondamentaux sont:
  • la veille 90

La perception des objets par les organes est commune à d'autres sujets.

Le connu (il comporte l'univers, le corps & les organes), la connaissance & le sujet connaissant sont perçus comme extérieurs au sujet, concernent l'objectivité. L'ensemble des trois donne lieu à un néologisme: le cognoscible.


  • le rêve, le songe
    • est spécifique au seul rêveur,
    • est indépendant du monde externe,
    • consiste en la prise de conscience,
    • est clair,
    • mais instable & illusoire;
    • apparait à l'ombre du cognoscible, càd, comme j'en formule l'hypothèse, comme l'ensemble de ce qui est connaissable puisqu'il se situe au niveau de la connaissance en tant que moyen;
    • s'étend entre
      • l'activité vigilante de la veille
      • & l'inconscience profonde du sommeil;
    • appartient au domaine de
      • l'introspection,
      • de la rêverie,
      • des réminiscences,
      • des jeux de l'imagination,
      • des sentiments,
      • de l'ensemble des représentations propres à la seule pensée.
  • le sommeil profond
    • Seul y subsiste l'état de sujet en tant que germe des autres états,
    • est associé uniquement aux
      • tendances obscures
      • ou résidus des choses;
    • se caractérise / est caractérisé par/ a pour caractères définitoires
      • le germe,
      • l'absence de perception,
      • & le silence;
    • désigne tout état où l'on perd conscience de la réalité aussi bien interne qu'externe;
    • le sommeil profond fait partie de l'illusion qui est source d'inconscience.

L'acouphène, quand il est présent, ne perturbe pas le silence du sommeil profond. Ce quatrième état rend-il l'acouphène capable d'être silencieux ou bien est-ce le silence des profondeurs qui parvient à le mettre sur silencieux ?

 


  • & le quatrième état, l'état de connaissance ultime,
    • se rejoint en abandonnant les trois premiers états [car] les trois premiers états ont pour seul but de conduire au quatrième. Dans cette connaissance ultime, on se détourne des choses
      • dès qu'elles sont connues
      • & qu'elles ne sont plus silencieuses comme dans le sommeil profond.
    • Dans le quatrième état, l'état d'indifférence est transcendé.
    • [Le quatrième état] est pure connaissance,
    • subjectivité sous forme de liberté,
    • est indépendant de toute voie d'accès.
    • [Ce quatrième état] brille de son propre éclat & subsiste à travers tous les états comme le fil qui les relie entre eux, bien qu'on en n'ait pas conscience. 91

Il est constat frappant que la quête spinozienne telle qu'elle se déploie dans la cinquième partie de l'Éthique est également la liberté; elle y est d'envergure similaire.


Dans la deuxième partie de l'ouvrage, l'auteur, Robert Bogroff, s'est livré à un patient travail de lecture de neuf traductions commentées que L. Silburn avait effectuées au cours de sa carrière au CNRS. Il en a isolé seize thèmes autour desquels il a assemblé des extraits choisis. Certains d'entre eux feront l'objet ici d'un traitement de citation/réorchestration.
Les seize thèmes sont:
  1. La mystique
  2. La réalité
  3. La métamorphose du miroir
  4. La lumière de la conscience
  5. Les quatre états
  6. Le spanda
  7. La vibration de la conscience
  8. Le soi & l'illusion
  9. L'instant
  10. Les 112 moyens
  11. La roue des énergies
  12. La voie du coeur
  13. La nuit, le vide
  14. L'image du tir à l'arc
  15. Transmission & kundalîni
  16. Le libéré vivant.

La mystique/la créativité

La vie réelle jouit d'un réceptacle impersonnel. L'accès à ce réceptacle lui est ouvert grâce à "la mystique véritable"/la créativité véritable". En reformulant: la créativité véritable se caractérise par l'accès à la vie réelle telle qu'elle jaillit d'un réceptacle impersonnel. La vie réelle « se manifeste toujours dans l'intime de l'être, ce que l'Inde nomme le soi. »

La grâce est ce qui se manifeste dans l'intimité du soi indifférencié. Il en constitue un réceptacle impersonnel. La grâce est un don entièrement & vraiment gratuit. La grâce détermine tout selon sa puissance propre. « Les shivaïtes monistes du Cachemire décrivent trois voies pour accéder [à la grâce]. Elles correspondent à trois puissances de la grâce. »

L'impersonnel, l'indifférencié sont des destinations peu communes dans notre monde occidental avide de croyance aveugle dans la certitude. L'indifférencié dans l'intime de soi n'a rien d'indifférent. L'indifférence constitue même l'exact contraire de cette vie réelle, véritable. L'impersonnel n'a rien d'anonyme; il correspond assez bien à une expression  anglaise: "Nothing personal" comme synonyme glissé dans le cours fluide d'une conversation signifiant "ne le prenez pas pour vous personnellement", comme une invitation à ne pas monter sur de grands chevaux mus par un égoïsme si fréquemment atavique à notre monde déboussolé.

Note lexicale neutrisante: le terme de grâce passe mal auprès de ce lecteur-ci ! Pour rester fidèle aux textes, je le conserve tout en réfléchissant plus avant à un terme plus adéquat pour celles & ceux qui vivent bien l'en-dehors du religieux. La synonymie est riche: source

> charme: beauté, attrait, appât, vénusté, sex-appeal
> coquetterie: élégance, goût
> déesse: divinité
> faveur: service, avantage, bienfait, bon office
> gentillesse: affabilité, aménité, amabilité, douceur, bonté, bienveillance
> légèreté: aisance, finesse, fraîcheur, délicatesse
> pardon: miséricorde, amnistie, commisération, abolition, absolution, rémission, remise
> protection


À la réflexion, la ligne légèreté est la plus inspirante: Ce qui se manifeste dans l'intimité du soi indifférencié constitue une activité légère, aisée, délicate, notamment respectueuse dans la conversation tant elle se tient au centre d'une voie adéquate, plus souvent silencieuse.

Les choses fonctionnent d'une manière douce nimbée d'une bienveillance intrinsèque, comme native, au coeur de ce réceptacle impersonnel que représente le soi indifférencié.

Chaque acte est alors posé en conscience, avivée par l'état variable d'imprégnation du soi par le soi indifférencié universel.

Une action réfléchie, pesée, de pertinence souvent élevée, voire adéquate, peut alors être entreprise. Ses effets peuvent déclencher un bien-être corporel marqué, & souvent marquant pour le soi.

Les quatre termes en gras déclinent la synonymie de la grâce avec la légèreté autour de traductions possibles du tao, notamment selon Jean François Billeter, sinologue, mais aussi Catherine Despeux & Jean Lévi.

 


LES TROIS VOIES D'ACCÈS À LA GRÂCE

Les shivaïtes monistes du Cachemire décrivent trois voies pour accéder à la grâce. Elles correspondent à trois de ses puissances.

Première voie d'accès à la grâce
« LA VOIE DE L'ACTIVITÉ, encore appelée LA VOIE DE L'EFFORT

Cette voie est la moins puissante des trois en terme de grâce.
Effort & technique

  • sont nécessaires pour atteindre au seuil de la mystique. C'est ici notamment que L. Silburn situe la pratique du yoga, des postures;
  • ne mènent pas directement à l'éveil de soi;
  • ébranlent des énergies, les mettent en mouvement timide mais [ces énergies] restent prisonnières du moi.

Les énergies ébranlées

  • ne sont pas suffisamment fortes pour percer le moi & conduire à l'absorption profonde;
  • retombent en pluie sur les sens lorsqu'elles se dispersent soudain.

Deuxième voie d'accès à la grâce
LA VOIE DE L'ÉNERGIE
L'énergie s'écoule de façon spontanée d'un coeur vibrant. L'absorption dans le maitre d'abord, dans la divinité ensuire, tend à devenir permanente. [Personnellement, je formule l'hypothèse que cette absorption a lieu dans le soi indifférencié. De plus, j'établis une nuance entre permanence et pérennité (permanent et pérenne): son ressenti peut ne pas se manifester de façon permanente, à tous les instants d'une journée, mais à l'accès à la voie de l'énergie peut se révéler la plupart des fois où il y est fait appel. Elle se révèle donc pérenne.]

Le souffle s'apaise de lui-même sans effort & le soi s'éveille tandis que le soi s'illumine de l'intérieur. Il reste encore, précise L. Silburn, à faire pénétrer l'intériorité recouvrée jusque dans les activités quotidiennes. »

[ Recouvrer est un verbe devenu rare; il est synonyme de récupérer. Donc, l'accès à l'intériorité, qui est du toujours-déjà-là, se récupère sur cette voie de l'énergie. Nous "possédons" toutes & tous cette intériorité. Seule une authenticité trop faible, voire absente, en barre l'accès. C'est dès lors en en libérant l'accès, en en dégageant "l'entrée" que l'accès se récupère, un peu comme on le dirait d'une porte condamnée qui débouche sur une pièce inconnue dans une maison. En prenant ainsi conscience de notre intériorité récupérée qu'il nous devient possible de l'exercer à meilleur escient dans la vie quotidienne.]

« L'intériorité se met en place sur cette voie intermédiaire [de l'énergie] à même la vie. Cette voie intermédiaire se sert des évènements ordinaires, tels que la peur, la colère, l'amour pour unifier l'énergie en soi tout en l'intensifiant. » Unifier l'énergie devenue consciente et l'intensifier. Cette énergie qui parcourt cette voie « a su discerner le meilleur des maitres sans l'astreindre à aucune pratique, à aucune discipline. »


Troisième voie d'accès à la grâce
LA VOIE SUPÉRIEURE

La voie supérieure

  • mène à la divinisation de toute la personne,
  • fait appel
    • à l'unicité de l'intention,
    • à un plein bon du coeur;
  • permet d'atteindre très vite la parfaite harmonie entre le soi & le monde externe.
  1. On commence par percevoir [la nature] dans le monde,
  2. puis on voit le monde en [la nature],
  3. enfin, on voit le tout glorieux lors d'une inexprimable expérience.»

La non-séparabilité ?
Ce "tout glorieux" ferait-il, par-delà son vocabulaire éminemment religieux, appel à la non-séparabilité telle que la concevait le physicien théorique & philosophe Bernard d'Espagnat dans ses ouvrages, en lecture. Les crochets sont d'une pratique constante lorsque le mot dieu apparait dans une citation sur ce site, suivant en cela une permutation suggérée par Spinoza et promue aussi bien par R. Misrahi que par M. Juffé, notamment.

Il y a de l'indicible dans cette expérience que le soi indifférencié universel porte au coeur du soi en l'absorbant sans lui faire abandonner sa singularité propre. Le tout, ne pourrait-il se nommer l'universel ? & le glorieux, ne correspondrait-il pas au soi indifférencié ? Le soi personnel ne s'y dilue pas grâce a la conscience qu'il a développée de son identité propre.

Le soi universel indifférencié s'avèrerait alors non séparable de l'universel indifférencié en soi.

« La deuxième voie empruntée par l'énergie conduit à la découverte e son propre coeur & de sa félicité », la source d'un contentement intérieur davantage certain. « La troisième voie de l'énergie mène au coeur universel & à la félicité cosmique, en ce sens que partout & même dans de graves circonstances, on continue à jouir de la même paix [intérieure] et la même béatitude »

Cette notion de félicité cosmique peine à s'insérer dans une approche scientifique de notre galaxie, la VOIE lactée. C'est peut-être qu'il existe une adéquation entre la 3e voie de l'énergie telle qu'elle s'est assemblée au sein du shivaïsme non dualiste du Cachemire & la voie lactée telle que les astronomes ont choisi de nommer notre galaxie centrée sur un coeur solaire autour duquel tout gravite mécaniquement, entrainé par l'énergie universelle.

À la page 118, R. Bogroff cite un un exemple donné par L. Silburn.

Chose moins étonnante qu'il ne parait, « on trouve un écho [postérieur dans le temps] de ces trois voies dans Les noces spirituelles de Ruysbroeck [1293-1381], le grand mystique chrétien, quand il décrit le triple avènement d[u c]hrist dans l'âme:

  1. le premier, dit-il, se rapporte aux exercices propres à la partie inférieure de l'être;
  2. le [deuxième] a lieu dans le reflux, au sein des puissances supérieures de l'âme;
  3. le troisième dans l'unité de l'esprit.
  4. Il ajoute aussi l'union sans intermédiaire qui est accès à l'essence pure & nue où [d]ieu [la nature] se donne dans toute sa richesse. Ce qui correspond pour les shivaïstes à l'absence de toute voie car, arrivé au but, il n'y a plus que grâce: on s'aperçoit que le trésor si caché était toujours présent, évident, offert généreusement à tou[·te·]s. »

L. Silburn cite également un « passage où Ruysbroeck parle de la rencontre de [la nature] sans intermédiaire dans un insondable amour:

" Or l'abîme de [la nature] appelle l'abîme, à savoir tous ceux qui sont unis à l'esprit de [la nature] par amour. Cet appel, c'est l'inondation d'une clarté essentielle. Et cette clarté

  • nous enveloppe d'un amour insondable,
  • nous amène à nous perdre  nous-mêmes,
  • & [à] nous écouler dans la ténèbre farouche de [l'état de nature]. ... & de posséder avec [elle] & en [elle], d'une manière durable, notre éternelle félicité."

Dans l'interstice nocturne qui s'immisce souvent entre la première phase complète du sommeil & le reste d'une nuit dormie, s'est approfondie la reformulation réorchestrante des pages 185 à 187 qui font partie d'un extrait thématique dans la 2e partie du livre intitulé LE SOI & L'ILLUSION (15 7 22)◊ Elles ont pour objet le fond immuable du réel

Décorticage: la parole intérieure, autrement dit la conscience, échappe entièrement à l'énergie qui différencie en niant Si/quand elle ne nie pas, la parole intérieure est le siège de l'énergie unificatrice  Rien ne vient brouiller la lumière consciente

L'énergie universelle fonde la conscience en un son, une parole vibrante (les mantras dans une pratique religieuse); elle déferle de l'univers tels que le définissent physiciennes & astronomes, pour y tenir la planète à sa place & le vivant collé à elle par la force attractive qu'exerce la gravitation sur tout le vivant, sur tous les corps, sans quoi ils flotteraient, corps morts sans oxygène, dans le système solaire, voire même dans la voie lactée   Ce paragraphe, qui ne figure pas dans l'ouvrage, vise à montrer la compatibilité de systèmes d'explication du réel    

186 On peut aussi se recueillir, càd s'assembler intérieurement sans connaissance notionnelle qui apparait, avant même qu'elle ne s'adjoigne une dénomination pour tendre vers un objet La conscience fait vibrer un désir ardent, celui de l'intuition créative, celui de l'éveil créativement intuitif 

Cet adjectif "mystique", hors religions, évoque, indique un aspect "caché, secret; dont la signification n'est discernable que par rapport au mystère; allégorique, symbolique" (cnrtl); j'y sens même une tonalité renvoyant à l'intime de chaque conscience Pourtant, comme mentionné dans le 1er §, je lui préfère un synonyme plus neutre: créatifNeutriser la langue chargée d'une omniprésente apparente bonhomie religieuse extrême-orientale contribue à rendre le discours davantage impersonnel, indifférencié  


Désirer ardemment l'éveil résulte

  • de la vibration qui est conscience,
  • de la conscience vibratoire  

187 La manière dont

  • soi,
  • connaissance,
  • paroles &
  • choses

s'unissent est ineffable, indicible, càd ne peut être évoquée/racontée au moyen de la langue commune La conscience tient intérieure la manière dont l'unisson entre soi/connaissance/paroles &/choses se réalise Il est acceptacle de ne pas tout comprendre, sans qu'il soit nécessaire d'user de croyances infondées/infondables 
Les formes que prennent la conscience intérieure, pour universelles qu'elles soient, se formalisent unisson profonde entre tout le vivant


L'instant créatif

  • nous offre la possibilité de nous extraire de l'engrenage des notions statiques & du monde objectif,
  • nous replace à l'origine de nous-même,
  • nous révèle le fond immuable de la réalité dans lequel le vivant est dynamiquement immergé L'immuable définit bien ce que la réalité/le réel révèle

 Cette notion est davantage compréhensible que l'éternel 


L'IMMUABLE FONDEMENT DU RÉEL

Le réel s'identifie pleinement au fond immuable 
L'immuable fonde le réel: c'est ce que l'instant créatif nous révèle 


Quant au réel, quant à la réalité, elle constitue l'objet philosophique par excellence de Clément Rosset:

un tableau en précise les caractères définitoires intrinsèques


La réalité nous colle à la peau. Elle est à la fois tragique, sans appel, rigoureuse, irrémédiable - elle est sans remède possible face à sa cruauté intrinsèque -; elle est incompréhensible; il en résulte une douleur qui débouche sur une sensation réelle intimement vécue de cruauté.

La réalité ne peut être tenue à distance car sa cruauté par l'un ou l'autre de ses caractères (définitoires) nous rattrape toujours de pleine volée. La réalité a toujours du caractère: ce n'est jamais une chiffe molle ! Elle nous rattrape toujours au tournant.

La seule façon de procéder est de l'accepter telle qu'elle est & non telle que nous voudrions qu'elle soit, telle que nous l'espérons.

Cela consiste à prendre la réalité pour désir, & non prendre ses désirs pour la réalité (genre "ça ira mieux demain...").

Prendre la réalité pour désir, c'est en accepter tous les caractères définitoires & s'en trouver bien ainsi, ou en tout cas tout faire pour en reconnaitre honnêtement la présence & agir éventuellement en conséquence: face à une douleur persistante, consulter le corps médical par exemple. Le corps a toujours les deux pieds sur terre, lui !

La réalité est  Quelques reformulations
 unique  Son univocité la rend incontournable.
 tragique  càd dramatique, conflictuelle, douloureuse (A. Comte-Sponville a longuement exposé sa conception du tragique dans un gros volume...)
 sans appel  elle n'offre pas de seconde chance, de session de rattrapage.
 rigoureuse  Sa sévérité inflexible, son austérité même, sa dureté (Merci au TLFi !).
 irrémédiable  La réalité est sans remède possible face à sa cruauté intrinsèque.
 incompréhensible  Le fait même qu'elle ne puisse être comprise tient éloigné tout remède un tant soit peu rationnel...
 douloureuse  la douleur qui en résulte est immense.
 & donc cruelle  De tout celà résulte une cruauté innommable.

 (source L'école du réel)