L'élégance avec laquelle la nature laissée sans apprêts bétonnés par l'homme absorbe ces quantités d'eau exceptionnelles (mai-juin 2016) la fait sereinement resplendir; pour elle, l'eau est source de vie et d'énergies.

Pour l'homme, l'eau déborde, dévale, envahit, salit, perturbe, s'impose là où l'homme a contraint la Terre au-delà de sa limite d'élasticité. Elle se rigidifie alors et rejette ce qu'elle ne peut avaler. Jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé son élasticité première.

Un malheur impuissant s'installe autour d'elle. L'homme, évidemment démuni face aux éléments qu'il a lui-même déchaîné, retrouve brutalement sa juste place: même pas la taille ni le poids d'un seul brin de paille.

Nulle colère contre lui. Rien de personnel. Juste un recalage de l'ordre des choses que n'aurait jamais dû nier notre monde si l'homme ne s'était pas cru permis tous les débordements que son égo surdimensionné, mais sans monde, lui avait « commandé » de faire, au nom de l'argent-roi, comme
- construire dans le lit majeur d'un fleuve par exemple.
- Ou cultiver avec les sillons dans le sens de la pente parce que cela va plus vite, mais cela lessive l'horizon fertile, d'où pesticides en tous genres pour suppléer à la vie absente.
- Ou ne pas curer le fond des rivières par désinvestissements récurrents dans les services publics. etc.
- Cent mille exemples viennent à l'esprit.

Bien sûr la boue est un malheur quand elle survient: personne, à titre individuel, n'a « mérité » cela. Bien sûr les assurances n'indemniseront qu'une infime partie des objets devenus inutilisables, lessivés comme les sols par la montée inexorable des eaux. Bien sûr, individuellement, nous ne pouvons rien, si ce n'est DÉCIDER que prendre conscience de ces dérèglements est à notre portée et dès lors rendre nos actes plus conformes à ce que la nature nous tolère à nouveau dans des limites beaucoup plus humbles, celle de notre vraie place en son sein, toute toute petite, et si récente à l'échelle géologique.