D'une lecture aisée, bénéficiant d'une traduction lumineuse, l'ouvrage a été rédigé pour être compris. Sa portée est essentielle à une meilleure compréhension du milieu animal et aux interprétations possibles de signaux qu'il émet, sans jugement moral.

C'est à Augustin Berque que je dois d'avoir attiré l'attention sur le scientifique allemand.

Jakob von Uexküll est très lisible parce que son approche scientifique est rigoureuse et formatrice de concepts novateurs. On le sent animé d'une volonté de partager ses savoirs. Avec un sens aigu de se faire bien comprendre.

L’espace et le temps forment ensemble « une structure temporelle spatiale du milieu. » Pris isolément, ils « ne sont pour le sujet d’aucune utilité immédiate. » 77
Quand il publie son essai pour la première fois en 1936, il a intégré dans son approche les apports fondamentaux des travaux d'Einstein sur la relavité générale (1916).


Le traducteur en français de cette édition récente est philosophe de formation: Charles Martin-Fréville. Il a consacré sa thèse à ce sujet. Ce travail réhabilite « l’animalité comme concept permettant de penser, sans réductionnisme scientifique ni jugement moral, un même mode d’être, un même mode de connaissance et un même mode de socialité pour tous les animaux, humains compris. »

Il est enseignant-chercheur à l'Université de Picardie Jules-Verne.

Il anime sa traduction de notes précises qui bénéficient de son bagage philosophique. Il semble systématiser la terminologie pointue d'Uexküll pour la rendre de manière cohérente en français. Avec les créateurs de concepts, c'est toujours préférable, n'est-ce pas...

Il a également rédigé un article où il démolit « le dispositif conceptuel  de Heidegger » parce qu'il « exclut fondamentalement les valeurs humanistes ». À la lumière de Jean-Paul Sartre: « Ontologie et anti-humanisme Sartre et Heidegger ».  Bien sympathique à priori comme approche, non ?

Ce philosophe-traducteur démontre ici l'intérêt qu'il y a parfois à asseoir une traduction sur le domaine que l'ouvrage original couvre.


Cet ouvrage est d'une lecture aisée. Il balise fermement (= scientifiquement) des observations que l'auteur a lui-même établies en fournissant un cadre conceptuel qui tient la route depuis lors (première parution en allemand: 1936) & sert d'appui à pas mal de raisonnements mésologiques.

Il me semble avoir une portée voisine et peut-être complémentaire d'un autre essai de la main de Baptiste Morizot: Les diplomates. Sur le monde des loups, dont voici un compte-rendu assez exhaustif paru sur le site non fiction. Enfin, Vinciane Despret (ULg) vient de publier chez Actes Sud un petit ouvrage, dans la collection École du domaine du possible, au titre qui en rappellera un autre de Mona Chollet: Le chez-soi des animaux. V. Despret s'adresse de façon très imagée aux enfants avec des mots simples et en tenant plume de belle manière.


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Aphorisme, comme ça...

« La retraite est une chose merveilleuse,
qui libère de terribles puissances.
& elle donne au silence de grandes douceurs. »
Gilles Deleuze, dans une lettre adressée à Arnaud Villani,
publiée dans L'abeille & l'orchidée, p. 149.

 

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