L'auteur, Jacques Abeille, habite son écriture, est un créateur de langue (et d'univerS) hors pair. La facture de cet ouvrage est l'oeuvre d'un éditeur précieux, précis, amoureux du papier ! J'ai un profond respect, une admiration sans bornes pour cet ensemble qui fait de ces conjonctions un bien matériel incomparable. De la vraie fantasy*, un monde richement évocateur, habillé d'une langue belle, belle, belle... dont la seule technologie futuriste tient à cette puissance évocatrice, tactile, sensuelle comme un châle vous protège de froideurs presque printanières...

Et puis découvrir au détour d'un autre roman du cycle des contrées que cette langue est d'un usage quotidien chez les guides des Mers perdues ! L'oeuvre de Jacques Abeille est d'une telle richesse que les enchâssements sont apparemment infinis, les renvois subtils, les références subreptices. Un plaisir subtil & secret reprend possession de vous chaque fois que vous passez par là. Il tient de la jouissance verbale, de l'aimable certitude d'avoir trouvé dans l'oeuvre de Jacques Abeille un havre rare et texturé.

Masculin/Féminin
L'exégèse, la "traduction" de graphème au fondement même de toute essence, le masculin/féminin

rend rêveur, non ? Et admirez au passage la beauté de ce papier utilisé par l'éditeur.
Qu'un auteur, pourtant brillant utilisateur de sa langue même, éprouve cette forme de jouissance à élaborer une écriture iconique, non alphabétique, idéographique mais où chaque signe peut révéler plusieurs sens, en contact, est d'une puissance imaginative très au-dessus d'une inexistante et incalculable moyenne !

Percer sous sa douce férule quelques secrets concoctés de la sorte est de nature si intérieurement éclairante... Il conduit ainsi brillamment un développement se muant en plaidoyer pour la polysémie qu'il étaie de trois versions différentes pour le même texte originel.

 L'héroisme, chez les enfants d'Inilo « ne se réclame point d'actions d'éclat, seulement une certaine intensité de pensée ou de rêve - ce qui de leur point de vue est tout un. » 24 Bel héroisme que celui-ci, dont notre monde à la dérive ferait bien de s'inspirer.


* Mais que je n'aime pas ce mot...

 


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Aphorisme, comme ça...

« La retraite est une chose merveilleuse,
qui libère de terribles puissances.
& elle donne au silence de grandes douceurs. »
Gilles Deleuze, dans une lettre adressée à Arnaud Villani,
publiée dans L'abeille & l'orchidée, p. 149.

 

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