Pastiche de Voyelles, d’Arthur Rimbaud.


Un droit, Deux fou, Trois flou, Cinq saoul, Quatre étroit : chiffres,
J’ânonnerai plutôt votre essence malade :
Un,  droit soldat, poilu le cerveau en croisade
Qui obtempère aveugle aux cris d’autres sous-fifres,

Fils teigneux ; Deux, stupeur des amants et des tombes,
Lierre des forêts folles, œil sec, douleur sourde ;
Trois, troubles, os creusé, ornière à l’écume lourde
Dans la tempête de soufre, les adieux en trombe ;

Cinq, cynique, irascible chemin simiesque,
Pinceau pointilleux de l’artiste idiot, sans fresque
Que l’auguste mécène déroba, jaloux ;

Quatre, cardinal épinglé au vent des affres,
Dédales oubliés, blessures et balafres ;
- Quatre, l’étriqué, l’homme replié en loup.

(Atelier du 22 novembre 2010)



A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !