Il me tarde d’aller dormir,
La cheminée exhale l’odeur âcre
D’une bûche presque consumée,
Mon verre de Xerez est vide,
Je baille sur la fin d’un Ishiguro.
Mes doigts sont gourds
D’avoir tenu le livre si longtemps.
Masugi accompagne ma rêverie,
Zeste de mélancolie des temps  
Qui se referment sur eux-mêmes,
Quand la porte qui s’ouvre
N’entraîne que plus jeune que soi.
Masugi, vie close dans l’Histoire  
Avant que ses yeux ne se ferment.
Des cris dans le jardin,  
Galop du cœur surpris par des chats
Qui clament le printemps !
J’ouvre la porte sur la magie de la nuit,
Le vieil épouvantail, képi en tête
Tremble de vent au fond du champ !
Les chats, effrayés par ma présence,
Courent maladroitement à l’abri
Des larges feuilles du vieux yucca,  
Toujours attachés l’un à l’autre…
Je ne peux m’empêcher de sourire,
Vague tendre préparant la quête des rêves.
« Nanez, mi p’tit poyon ». En wallon,
Les mots de ma grand-mère m’emmènent
Vers mon lit et j’éteins la lumière !
18 mars 2012 DL
Contrainte : texte libre contenant des mots de 2 syllabes commençant par
chacune des lettres de l’alphabet.