Leurs mots se sont croisés comme dans un hall de gare,
Dans la vaste résonnance de l’anonymat.

Leurs silhouettes se sont effleurées dans la foule insomniaque,
Deux odeurs se frôlent, connexions d’inconsciences.

Leurs regards se sont trouvés, instantané de séduction anonyme,
Élan parasite, sursaut du hasard.

Leurs désirs se sont toisés, hagards,
Duellistes absurdes défiant la raison, résistance illusoire.

Leurs corps se sont emmêlés, liane vive sur écorce tendre,  
Feulements contenus  dans les gorges rauques

Les habitudes ont sué leur venin dans les draps trop lisses,
Leurs râles amollis ne tordent  plus les tripes.

Leurs mots se sont dispersés comme dans un hall de gare,
Dans l’écho assourdissant d’une banale lassitude.