ENFILAGE DE QUELQUES MOTS-CLÉS DU TANTRISME CACHEMIRIEN, (E. Baret)
Réorchestration

« Ou bien
l’énergie est dirigée dans le monde du devenir,
ou bien
l’énergie est réorchestrée profondément par maturation. »


Et si, au lieu de forcer à choisir, j’ouvre la réflexion en remplaçant « ou bien » par « à la fois », j’obtiens une bi-affirmation: les deux possibilités peuvent aussi être en co-occurrence: l’énergie poursuit son œuvre en suivant la flèche du temps sur ce parcours & il arrive que l’énergie mûrisse dans son présent, par réorchestration profonde.


Définir
Dans mes notes, EB ne définit ni le devenir ni la réorchestration.
Tentons une définition personnelle:
le devenir,
est-il énergie sur ce continuum qu’est la flèche du temps, orientée dans le seul sens qui lui convienne scientifiquement: la marche avant, toujours fragile, aléatoire, remise sur le métier
et
la réorchestration,
est-ce rebattre les cartes, les disposer différemment ? Quand un musicien réorchestre une partition, sans toucher à la mélodie et à la rythmique, il attribue la mélodie et/ou le rythme à certains autres instruments (transfert entre les violons et les cuivres par exemple) qu’il charge alors de nous transmettre foncièrement la même substance sous habillage neuf.
C’est la raison pour laquelle tout incident, de santé par exemple, qui interrompt sans la rompre définitivement la progression du corpzesprit est probablement bien une réorchestration de son énergie.
Cette maturation débouche à terme sur une maturation vécue comme telle par le corpzesprit.
Cette force-là sous sa forme énergétique m’accompagne.
Cette force-là est ma compagne la plus fidèle.
Bien sûr, l’énergie ne se réorchestre pas immédiatement. Un temps d’acclimatation est nécessaire.


Orienté
C’est peut-être cela être orienté: E. Baret définit cette orientement ainsi: « On devient orienté*: on ne cherche plus ce qui approche, on ne rejette plus ce qui éloigne. Libre de tout jugement, …, les aspects de la vie seront éclairés par un nouveau regard. » 155
En étant orienté, le corpzesprit ne cherche plus ce qui approche, et ne rejette plus ce qui éloigne. Il accepte l’incident de parcours, il ne le nie pas.
Libre de tout jugement…, les aspects de la vie seront éclairés par un nouveau regard.
Ce nouveau regard qui provient du fait que lecorpzesprit est orienté est l’équivalent probable de la réorchestration profonde.


Pressentir/ressentir le motif profond de l’existence

En devenant orienté, en étant devenu orienté, étant orienté, le motif profond de l’existence se pressent mieux, dit EB.
Pressent ou ressent ? Je préfèrerais bien « ressent » car il ne presse pas d’en approfondir encore la motivation. Mais c’est un un jeu de mots proprement linguistique.
Le motif profond de l’existence se ressent mieux si le corpzesprit est orienté.
Le pressentiment est en amont du ressentir, est moins certain, il est comme un ressenti plus lointain, venant du plus profond de soi: une inattention peut le tenir sous boisseau, le rendre inaccessible à la conscience, passer inaperçu.
Ce qui différencie le pressentir, le pré-sentir du ressentir, c’est en quelque sorte l’éloignement du signal sensitif, l’éloignement de la sensation par rapport à la conscience en éveil, rendant la perception de la sensation plus aléatoire puisqu’elle dépendrait de l’attention que la conscience lui accorde ou pas, ou pas assez.


Plénitude
Pour que la plénitude vienne au corpzesprit, il y a lieu qu’il se rende disponible à l’énergie. L’énergie s’immisce par un des chakras & s’épanche alors, se répand, libre d’aller où bon lui semble. Cela se passe pendant un temps ± court. La durée, je ne sais pas de quoi elle dépend.
Une plénitude est une sensation qu’un corps à l’écoute accueille jusqu’à ce qu’elle s’éloigne dans l’arrière-plan...
Le corpzesprit fait alors littéralement corps avec la sensation de plénitude. Le soi est une plénitude. L’énergie y va, y vient, y radie, y vibre peut-être & s’en retire. La plénitude est une sensation accueillie par le corpzesprit.
Elle n’a rien à voir avec une excitation passagère.
L’instant où la radiation vaque librement au corps, EB semble le nommer résorption.


Résorption
Lorsque le corps « se résorbe dans son origine, la conscience, le prétendu sujet qui le perçoit, disparaît également… » 13
« L’art de laisser se résorberla sensibilité corporelle dans l’arrièreplan & le retour conscient à celui-ci est en fait l’essentiel de la démarche du shivaïsme cachemirien. »
« La résorption des canaux qui servent de conduit au souffle inhalé & exhalé consiste en leur engloutissement en un seul lieu, le canal du centre, le feu du souffle ascendant, udana, grâce à l’unification des souffles. »