7 12 19

L'huis médiévale
couine sur ses gonds enroués
en livrant passage

aux hordes d'ermites hindous
affamés par la traversée des déserts
que sont leurs vies d'errances.

& dire qu'il leur aurait suffi
de vénérer la nature approchée
pour y centrer leurs errements

autour d'un message essentiel
dont elle est de tous temps
la porteuse discrète & disponible

aux consciences affûtées,
sur des cuirs tant frottés
pour y effiler leurs larmes.

Toute vie nait
puis persiste

sur le fil de son rasoir.

Elle y progresse
& y accomplit
ses désirs.


30 11 19

Délogeage, le corps propulse l'éveil.

S'expulse la torpeur.

Les membres dégrossissent leur dégourdissement.

Dépliage, déliage, dénouage.

Le corps exerce ses passages, les tâte à tâtons & saisissements itératifs, loin de rituels convenus, voire même d'exerçages convenables — mais tout convient au corps en son intime conviction.

Plongée dans le flux. Il y circule une mise en forme, une offrande au passage, une ouverture sur un potentiel récurrent.

Hors différends. Chaque fois différents. Jamais déférents.

Le corps ne cherche nulle noise, nulle part.

Il tient juste à prendre sa juste place dans le flux. Ni plus ni moins. Surtout "ni plus".

À l'endroit de tous les croisements vaquent dépliés, déliés, dénoués.


26 11 19

Une pluie s'effeuille
sous la soudaine bourrasque,
vite apaisée; une dernière les rattrape,

nourrissant le tapis sec
d'un nuancier de bruns fauves
qui colore la caresse de l'oeil.

Aspergé de silences, le corps
s'immisce dans la scène familière
qui inonde chaque matin

de sa respiration de verdeurs
les bronches: elles s'en emplissent,
phénomène d'osmose

tout entier contredit
par la vitre étalée tel
un film transparent sur

le réel intact, épanoui
par le défilé des saisons.
Rémanences rétiniennes fugitives,

engrangées, jamais retenues.
Entretien confié entre
les mains de la nature.

tant de paix lui convient.
Elle y convie la faune hivernale.
Elle sait le partage qui enrichit.

Elle est cet entier distribué
qui la nourrit.
Le dénuement des ramures

révèle les élans cordiaux
entre les bouleaux & le charme.
Ils font un dais

sous lequel je passerai désormais,
davantage conscient de ces embrasses
dans le silence habité

de cette page qui s'écrit,
synergie sans échange.
Un corps confié au silence

engrange la facilité du vivre.
Étonnement discret
face à tant de saveurs natives.


LIGNAGES

Poursuivre l'inénarrable traine d'une vie dissoute en soi, sur la tessiture profonde d'une vie inconclue & pourtant prolongée...

Ne courber l'échine d'une vie sinueuse, mais droite dans sa cohérence intrinsèque, sous nos arches résidentielles. & pourtant, d'une corporéité sinueuse, mener droite vie à l'écart de nos flux massifs. Ponctuer les battements pulsionnels de pauses, mains imposées, sur la zone des chairs traversées par un fil de cicatrisation.

Le corps se tient éloigné de tout pathos inutile. Le cours d'une vie ne déviera pas du prévisible annoté.

La vie, son cours, sont attentifs à la densité en équilibre sur une nouvelle donne à laquelle le corps est mieux apte à faire face. La confiance établie n'a nulle nécessité à être remise en question. Sa résilience face au réel fait large place au large place au circonstanciel, sans lui octroyer aucune priorité, mais une attention, une vigilance qui veille déjà à conserver le corps dans sa zone de confort.