Quasi-quotidien
peut-être même bien
de ci de là créatif - qui sait ? -
sur Nulle Part.


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Sourire solaire
faufilé par l'embrasure
entre deux nuages

L'instant d'après, pavés rutilants◊
Capuchon gonflé de vents
dépêchés; la main

se dépoche: tête imperméable◊
Un bienfait, cette sortie,
ce frottement à la ville dispersée

par la fin
de vacances
carnavalées◊

Pas comme infiltrés,
outremusés par
la joie délivrée

par ce Commissaire
& la disette panifiée
par l'artisan d'un Pain politique


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Souplesse résiliente
des hautes futaies:
harmonieux balais balancés,

complicités plurielles
entre les vents tournoyants
& leurs corps ligneux,

sur fond de grisaille
matinale, si pluvieuse♦
Fenêtre, témoin d'éveil:

attentions multiples
portées par chaque arbre
soucieux, chaque instant,

de maintenir son intégrité
en ployant avec élégance:
un lâcher-prise abouti

vigilant,
sans abandon, jamais♦
Le contraire du laisser-faire♦

Tant à prendre
face à la nature déployée♦
L'observation prime,

une empathie organique
entre les enracinés
& un corps pour l'instant sans entrave♦

Avant les citadines perverses
d'averses emballées de grêles
au passage♦

Passants retirés
silence sous le porche♦
L'instant d'après, disparues,

désormais trottoirs luisants♦
Visages profilés par des vents
aux souffles tenus,

oreilles chuintées♦
Un soleil dépareillé
force un bref passage♦

Instant sauvage: leur cavalcade là haut
le dérobe; chahuts éventés
chaque coin de rue♦



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La discrétion éteint un rayonnement public mais éclaire de l'intérieur la présence. Le silence promeut la cueillette de pas mal de bulles qui y éclosent, as if from nowhere.

La volonté d'agir sourd
sans s'imposer. Elle se cueille
au gré du retrait

au havre: il contribue

à la sérénité en réserve.
L'amplitude du réservoir semble

pour l'instant indéfinie;

perçue sur une harmonique
vibratoire basse,


elle se devine plus qu'elle ne se perçoit
.


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Chemins nocturnes, reprise
de mailles filées
à l'insu de la conscience.

L'éveil arrime le corps
au présent qui s'égoutte
sur les fenêtres du havre.

L'eau, essence de vie
sur terre, balise ses chemins.
Les ressentis du corps

à chaque instant que parcourt
le temps en son cheminement propre
offrent des ouvertures:

y jeter un oeil,
un signe ténu,
un affleurement perçu

parmi la masse des pulsations
qui vont leur vie hors conscience:
le pouls, la digestion,

l'échange gazeux
dans les poumons
et cetera.


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L'apport d'air frais à la fine pointe du jour gris, & à l'éveil du corps, le dispose à l'accueil de soi.

L'assise qu'offre le regard verdi par la paix s'écoulant de ce bout de nature préservée face à soi enchante.


1 3 19 Une note de lecture

D'une normalité sans éclat, la lecture progresse dans cette belle présentation d'une philosophie assez insaisissable. Grâce à cette guidance sûre, il s'entrevoit une possible meilleure appropriation au contact d'une des plumes philosophiques les plus finement taillées du XXe siècle.

Bien sûr, Madame Christiane Chauviré revient sur la dernière proposition de la première manière philosophique de ce grand aristocrate par la vie duquel, à Vienne, elle se dit fascinée: Ce dont on ne peut parler, il faut le taire.

Ce dont on ne peut parler, peut-on l'écrire afin de le donner à lire dans le silence ? Je ne peux imaginer une innocence de la part de L. Wittgenstein dans son utilisation du verbe parler. D'où mon questionnement. Il s'agit pour lui de voir le monde correctement.


Le très beau texte que Jacques Darriulat consacre à cette citation finale est la plus belle trituration que j'en ai lue jusqu'à présent. Je vous invite à vous y pencher ici sur le site iphilo.


L'éthique reflète

  • mon vouloir
  • ou ma décision

de donner telle forme à ma vie. 73 Avoir une éthique de vie, c'est lui donner une forme. Elle ne concerne pas le bien.

Le discours éthique

  1. donne sens & valeur à des choses du monde en elles-même indifférentes
  2. ne décrit pas « des propriétés appartenant aux choses ou aux évènements ». 73

Jacques Bouveresse a mis le pied à l'étrier de l'auteure de cet essai lucide & relativement limpide à la fois sur la vie et sur l'oeuvre de L. Wittgenstein. Il semble y avoir une filiation naturelle partant de J. Bouveresse, passant par C. Chauviré pour aboutir pour l'instant à Sabine Plaud qui a également consacré à ce même philosophe un essai séminal publié chez Belin dans la collection Le chemin des philosophes, intitulé Ludwig Wittengstein, Sortir du labyrinthe.


Ce que j'en retiens: Ludwig Wittgenstein, en jeune surdoué (il récusait être un génie), subjugue ses ainés à Cambridge quand il y apparait. Puis il se tait, enfile la toge de l'instituteur pendant six ans dans la campagne autrichienne. La greffe ne prend pas. Il revient à la fin des années 20 & séduit par la nuance, la maturité le fait accéder à d'autres approfondissements qu'il réserve à un petit nombre.


Les Musardeuses de février 19 se visitent en suivant ce lien.

Tandis que les Musardises de Janus 19 se parcourent ici.