La ville resplendit
sous ses taches bleu pâle.
Passer le pont
dénonce un vent d’intérieur.

La cafétéria
bruisse de conversations :
une résistance
populaire pleine de vies
qui se disent
au cœur de la modernité
insipide.

De lourds cabas raclent le sol avant de s’asseoir.

Le caissier plein d’élégance
apporte son plateau
où trône le bol de soupe fumant
à la Dame,
canne d’une main,
caddie de l’autre
gonflé des courses
de la semaine.
Il faudra rentrer
après la soupe.
Elle sera épuisée.
A-t-elle le choix ?

Elle a acheté une neuve télé,
deux étages plus haut.
Une bonne affaire, à son air fier.

Elle l’installe sur deux chaises
face à elle, rit en guettant ma réaction.
Son amie, un thé − elle, un bol de café.
Pas vu qui a mangé le petit quatre-heures.

Longue tablée de grands-mères :
elles émancipent leurs solitudes.
L’une, véhémente, porte le rouge au visage.

La ventilation effleure le crâne
d’une caresse rafraichissante.

Le sac à dos a la gonflette
de courses en Neuvice.
Le sac noir, deux délices farine bio
de la rue du Palais, proche.

La dame qui tient les toilettes impeccables
semble préoccupée par ce que la
cliente lui a dit juste avant mon arrivée.

- Passez une bonne soirée, Madame.
- Vous aussi, Monsieur.
Au ton de sa voix, elle avait retrouvé sa sérénité.

Ex-crottoir aérien:
effacé/oublié.
L’espace respire.
Vue dégagée.
L’œuvre d’art sautille.

Trottinette électrique:
galop inconscient
sur les bords de Meuse.
Il a l’âge mûr d’être stressé sans frein.
Son assureur, il en pense quoi?

Le canidé clignote
entre chien & loup.
Son maître en laisse
trotte derrière lui.