Du chat, Hildegarde de Bingen a peu à en dire... de plaisant. Dans sa Physica, elle lui voit « une sorte de parenté avec le crapaud & le serpent » & semble presque déplorer que « quand la chatte porte des petits, sa chaleur excite l'homme à la volupté... » Sous sa plume d'abbesse, je ne sais qu'entendre par là... Elle conclut le chapitre d'un paragraphe qu'elle lui consacre d'un « Le reste du temps, sa chaleur ne sera pas nocive à l'homme ». In Le livre des animaux, ch. XXVI, p. 262

Voici le chapitre dans la traduction de Pierre Monat parue chez Jérome Millon:

 


Michel Pastoureau, dans son délicieux Bestiaires au Moyen Âge, est davantage disert (154-159). Extraits retenus:

  • Bestiaires & encyclopédies prêtent au chat des savoirs de nécromant & de sorcier. Il connait l'avenir, ne dit rien, fait semblant, devance les accidents & les catastrophes: c'est un hypocrite. Il a en outre la propriété de voir la nuit, ce qui est le propre des céatures infernales, tels le loup, le renard, la chouette ou la chauve-souris. Ss yeux brillent dans la pénombre & semblent brûler comme de la braise.
  • Le chat est avec le bouc la vedette du bestiaire des sorciers...
  • Quelques auteurs reconnaissent cependant au chat un certain nombre de vertus. Même s'il fuit l'eau, il est propre & cache dans le sol ses excréments.
  • Autres vertus: celles de la chatte. Elle n'est pas luxurieuse, l'accouplement n'est pas pour elle source de plaisir.
  • Ce qui ne l'empêche pas de se montrer capricieuse & provocatrice lorsqu'elle est en chaleur, mais c'est davantage pour avoir des petits que par ardeur sexuelle. Car la chatte est une bonne mère; elle aime ses chatons, prend soin d'eux, les défend contre les prédateurs.
  • Au fil des siècles, l'attitude des hommes & des femmes à l'égard du chat a changé. Ceux du haut Moyen Âge ne l'aimaient guère. ...
  • À la fin du Moyen Âge, ... le chat s'est revalorisé, est entré dans les maisons &, par certains côtés, est déjà devenu dans la vie quotidienne l'animal familier que nous connaissons.
  • [Un tel changement] date probablement du XIVe siècle, plus précisément du lendemain de la Grande Peste, l'horrible pest noire qui en quatre ans (1346-1350) a fait disparaitre un tiers de la population européenne. Les contemporains ont plus ou moins compris que dans la propagation de l'épidémie, les rats avaient joué un rôle.

  L'ouvrage est illustré d'une seule image de chat, que la British Library répertorie dans The Art of Ugly Animals: Medieval Monstrosities ...:

En cliquant sur l'image et sur ce texte, vous atterririez sur l'ensemble des illustrations d'un manuscrit mentionné par M. Pastoureau (p. 154)

D'hyperlien en hyperlien, je découvre même ce bestiaire de chats, bien intéressant...


Michel de Montaigne dans ses Essais, faisait une place de choix à Madame Vanity: « « Sur les parchemins de Montaigne, de grands espaces vides intriguaient les exégètes. Ils ont fini par comprendre : c'est la forme du corps de la chatte qui dormait et que sa plume a contourné, plutôt que de réveiller la belle ! ». D'après Michèle Ressi, Histoire du chat : 10 000 ans d'histoire et de légendes, Publishroom, , p. 48 source de la citation

L'Apologie de Raymond Sebon regorge d'animaux pris à témoin pour illustrer l'une ou l'autre de nos failles. Je n'ai pas encore retrouvé un passage où son chat est mis en avant. Il faut dire que le chapitre XII du Livre II court sur presque 200p. dans l'édition Bouquins !