Être devenu la source propre de son énergie, une victoire en quelque sorte. Je comprends par l’intellect, j’accumule de l’expérience par le cœur, en devenant UN avec cela. Ce que j’expérimente vaut plus que ce que je comprends. (Formulation personnelle, d'après S. Prajnanpad, Les yeux ouverts, lettres à ses disciples, p. 45) Les lettres de S. Prajnanpad sont de l’empathie en marche. Il invite ses correspondants à prendre le point de vue de l’autre. Et il ne fait évidemment que cela: sa correspondance verbalise ce qu’il saisit que l’autre perçoit de son point de vue puissant. Quand un sage ne laisse aucun livre, ses « disciples » en sont réduits à collecter sa correspondance & à la traduire en français pour nous la rendre accessible.


Lutter contre, non: S'inonder dans une vacuité dominicale qui, par ailleurs, se tient à distance. Se tenir au bord du temps fixe en constatant qu’il s’écoule l’annule en faisant apparaître sa fluidité intrinsèque. Le temps est fluide, glisse, comme une huile qui répond à la gravité par un écoulement continu.


André Comte-Sponville dit de l'auteur dans la préface: « Bien souvent, S. Prajnanpad fait penser à Spinoza par son acceptation joyeuse de la nécessité. » Accepter le nécessaire avec joie, un des accès à la paix intérieure, probablement. Cela fait porter une attention dense aux nécessités qu'il s'agit désormais d'accepter, non comme inévitables, mais simplement comme une autre source de joies. Essayez cette perspective, c'est l'adopter. Enfin, je trouve.


Il déferle une insistance à soi
dans ces interstices
aux tourments absents.
Ce rôle assumé
de retrait contemplatif
se mâtine de quelques engagements
dans le monde,
circonscrits et plaisants.


Leurs entrelacs apaisent.
L'écart de l'un ou de l'autre
ne rompra pas l'équilibre:
il tient désormais en soi
et ne dépend plus de l'extérieur.
« Les fondations sont solides. » (SP, 77)
L'évolution se fera
sans coutures ni perdants.
Dans la continuité de l'élan vital.


Ne pas se laisser éroder par la routine.
Suspendue un temps,
joie de redécouvrir ce sillon-là,
creusé avec tant d’application.

Une pluie assidue n’effarouche pas la nature.