Février Du lat. pop. febrarius, lat. class. februarius « février, le mois des purifications » (dér. de februare « purifier »)

source Floranet

Rhizome: tige rampante souterraine qui porte

C'est aussi une découverte musicale grâce à l'émission Voyages sur Musique3: en cliquant sur la pochette, le site de la compositrice/violoncelliste.


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Le temps d'une vie

Désenfouir des strates figées par le temps

  • « qui coule en des sens qui ne se recoupent pas » J C Martin, Faut-il brûler les postmodernes ?, 139-143;
  • & qui passe polymorphe au moyen de neuves pousses aériennes émanant de rhizomes profonds qui accomplissent le labyrinthe intérieur en le renouvelant et en l'aérant.

Le temps d'une vie jusqu'ici & maintenant, être passé

  • de la rigidité du devoir à accomplir au nom
    • d'une morale forgée à même la droiture parentale
  • à une éthique plus souple de la joie intérieure, plus libre que lige,

façonne un parcours désormais presque entièrement choisi.

Cette éthique consiste à libérer le corps de raideurs passées au profit de mécanismes, d'automatismes à conquérir que l'éthique permet de distinguer de monotonies superficielles, apparentes. Celles-ci ne sont plus gênantes. Ce n'est pas parce que certaines journées se rythment sur un schéma voisin & pourtant propre qu'elles en deviennent monotones. Chaque schéma se trace en soi, à même le corps, hors du champ strict de la conscience  Et ce, grâce à l'écoute profonde des besoins corporels qui repose, désormais plus fermement, sur une éthique souple, assouplie par chaque intensité accomplie donnant lieu à une incorporation à même la matrice de nos écoulements déjà intégrés.

Notre siècle est un plurivers, il a plusieurs sens, d'autant plus que le monde humain n'est pas le seul à être hébergé sur la planète Terre. (id, 143) Ailleurs sur Nulle Part, d'autres manières d'entrer en complicités avec le végétal qui m'entoure en l'observant avec d'autres yeux, davantage capables de capter l'immatériel messager. L'éclairage instinctif/intuitif participe à cette éthique souple. Ces complicités accomplissent le corps.


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Songe à tout l'amour qu'il faut mobiliser pour explorer l'empreinte que laissent en nous les philosophes dont nous

  • lisons,
  • mieux faisons effort de comprendre,
  • impulsons la compréhension au plus profond de nous,
    • moins pour les faire nôtres
    • que pour
      • qu'elles s'ouvrent en nous,
      • qu'elles ouvrent en nous des traces parcourant à l'écart de tant d'autoroutes des savoirs institués de neuves tendances à faire corps.

Lire de la philosophie, c'est faire corps.

Conatus reçoit de Pierre Macherey trois propositions de traduction: effort, tendance, pulsion.


4 2 21
Et si le rhizome servait à caractériser le cheminement non linéaire que le corps trace en direction de l'éveil ? L'hypothèse pourrait s'éprouver en agrafant les caractères du rhizome avec ceux de l'éveil.


5 2 21
Hiver décapoté sur bleu citadin,
quelque baguenaudage:
un relais postal se déshabille,

un coin de rues en poussières
face à la Grand Poste resplendissante,
la librairie voisine une béance.

Le badaud citadin vibre
sous le charme de l'aubade.
Droit de suite solaire

tant l'avide visage
le boit à même la peau.
Le fleuve rembruni galope toujours

vers l'embouchure, emportant
tant d'alluvions arrachées
aux rives antérieures.

L'air jardinier au retour
sirote au calme un café
sensible au silence

peuplé de répons
chantés à gorges déployées.
Ce jour, Vénus resplendit.


6 2 21

Je passe l'hiver accroupie autour d'un foyer de bon bois sec que j'ai occupé le printemps à fendre.
confessio sylviae / apocryphe
luvan, agrapha, la volte, 2021, p. 32

Rituel matinal du feu.
parfois vespéral.
une remémoration.
d'oncques pratiques.

Oh, pour sûr, pellets:
produit décadent;
pourtant, quotidien engagement
à moins épuiser le fossile


7 2 21
Drue, cette pluie matinale hésite
à laisser las son manteau
d'invisibilité;
elle va soulignée dans sa chute
d'un mince filet bleu aux
aux accents de froideur accrue.
Retrait focal autour de la flamme.

La cambrure laiteuse d'un brouillard plus tardif
assied sur le proche visible
un figé qui sied à Agrapha.

Comment comblerions-nous les creux
sans ces envols d'imaginaires ?
Tant de mondes marchés
sous des éteignoirs dominateurs.

C'est à la roideur
de ces airs introduits
que la Geste puise
l'urgence de clore l'huisserie.

Cette immersion hivernale
dans un roman choisi pour
son évocation manigancée
d'un moyen-âge aux profondeurs insues
à force d'avoir été extirpées.

Peu me chaut
l'invention.
Ce monde me sied.


8 2 21
D'un sourire s'accueille la flamme claire,
naissante, au creux du foyer.
Son feu va bientôt convertir le froid

que fascine cette neige de février.
Un verglas semble saisir la route.
Le nappage attablé dépasse le cm nocturne.

Le bouddha s'est fait un manchon
en son giron assemblé.
La nature héberge ce figement

d'une âme équanime,
comme s'il faisait partie
de son infini renouveau.

Les yeux boivent cette sensation de fixité
dont les entrailles se repaissent
à l'abri dans sa coque

où un feu ronronne sans aboyer.
De ce micro-univers,
une plénitude hivernale sourd.

Sage est l'entretoise de nos regards.
Ce salut de voisinage
embellit le jour.

Le pigeon-ramier
gravit marche par marche
les degrés de son charme.

La merlette apprivoise son lopin blanchi.
Ces pamplemousses-ci
ont la saveur davantage apte
à tenir l'éveil des entrailles vif.

[Agrapha] Bousculer la lecture;
ce cahier lourd d'empesages
frottés à trop de contemporain.

La neige perpétue l'hiver
sans tue-tête.
Le crépi nocturne

s'est incrusté,
comme le corps, froncé
face au muet d'une scène figée.

Le cercle-racines du charme
fait émerger l'herbe,
comme si l'en-dedans de soi rayonnait.

Ce tombereau le fige
sans l'affliger.
Il se prolonge pensée

du corps en printemps jardinier.
Sa porosité étanche éternise
l'enclave calfeutrée d'un velours tendre.


9 2 21
Des deux sorties du jour,
la seconde confirme
le pouvoir calorique absent

de cette lumière remarquable.
Corps-joie de sa sortie poste restante.
Voies respiratoires

réfrigérées.
L'été, le soleil nous couche.
L'hiver le couche. Seul.

L'Oronte figé
s'ourle d'ombres bleues
projetées sur la neige.

Le corps se drape
du repos de la sieste
... il ne la déploie pas

tant la lumière blonde finissante
pare en cheminant le mur d'est
par la fenêtre d'ouest.

Dépose bénéfique

Le parchemin d'Agrapha
féminise l'après des débris.
Du corps, l'apprêt se calfeutre.

À l'approchant vespéral,
il s'enroule au creux
du coffre sculpté, foyer pas loin.


10 2 21
Menuet nocturne

Elle a l'air chafouin, mais sain.
Un peu comme si transir
n'était pas de sa constitution.

Faire silence car
il n'y a plus rien à taire.
La nuit, un creux sans fard.

Faire silence car
il n'y a plus rien à taire
dans la nuit sans phare.

Tout à la joie d'être exercé à
la simple félicité.
Nulle rémission ne fait sens.

L'humide toise le grand frois qui paralyse.
La bride sur le cou, la mule
se charge du surplus.

Elle ne fera pas d'émule
tant elle se tient droite
dans ses mules feutrées.

Elle n'en est même pas émue.
Tel est son chemin.
Elle y a un jour consenti.

C'est à ce contrepoint que se connait
l'évanescence évanouie,
comme évaporée par le frigide.

Elle a la félinité caline
des vibrations fébriles de ses vibrisses.
Creusoir des imagements

émanations d'abysses insues,
taraudes sans faire les faraudes.
La compétition, une inexactitude.

Démêler l'inadéquat
lorsqu'il se présente
libère le champ exploratoire.

L'exploit n'emboite nul pas.
Il est sans trépas
dans l'en-deça du créé.

Si elles se déploient
sans délimiter
pareille envergure,

leur portance,
un confort
inédit.

Sans urgence,
la nuit, le jour, faire silence.
Rien ne demeure qu'il faille taire.

L'entaille s'en est dessaisie,
comme son vol s'était effilé
lors d'un survol érafé.

Quant au sol,
nulle résorption.
À pas fermes désormais.

L'allure a beau être rude,
elle n'en est pas glaçante.
Juste, très pénétrante.

Tel un tremplin sans ressort,
nul rebond où resplendir.
Toute rune ne rime sur rien.

Se mire sans grimoire,
la tirette prend son élan
dès l'engrenage fiché droit.


13 02 21
Routes de sel blanchies
sur le harnais de l'excès.
Un ordre affable conduit les choses

vers leur chemin propre.
L'approprié condense la conscience
qu'en atteint le corps.

L'intuition de l'instant
préside au choix parmi la multiplicité
des trames narratives filées,

enfilées, croisées, fictives,
réflexives auprès d'autrices
telles Françoise Bonardel,

luvan & J. F. Billeter.
Un succès culinaire
couronne le tout du jour.


16 02 21
Le sans-fioritures
dépouillé de soi
accomplit davantage
qu'il n'accompagne.

Elles se tordent au rythme

des errances sans
déraillements.

S'engrangent tant de bienfaits

surtissés au soi
à l'image de cette plasticité
de la peau à l'instant
où la main s'immisce
pour désenfiler
les vêtements du jour.

La trêve fut bénéfique

aux Mains, au soi.
Nous referons Cela.
C'est ainsi. L'ainsité constitue
la réalité telle qu'elle est,
intensément présente
& indéfinissable. (Bonardel)


Engrangement pérenne

de sensations constitutives du soi,
de l'ordre de la joie s'accomplissant
par une gradation en éveil; elle délivre
ce chemin d'apaisements conduits,
intuitifs & sereins sur les berges du silence,
telles un flux qu'elles tiennent
entre leurs bras de terre jusqu'à la mer qui
les en débarrasse en les incorporant.
à la matrice vaguée
de ses bercements
infinis.

Les fleuves sont ainsi:

ils conduisent
rus & ruisseaux
à la Grande Bleu
avec la fougue
des terres brunes emportées
avec passion,
emmêlées aux molécules
brouillonnantes
de soubresauts énergiques.

C'est en la vacuité d'une supposée offense lunaire que s'établit, définitive, pour ce bout d'éveil nocturne en tout cas, la certitude du bien-faire en accédant au bien-être d'un bien-né.

La discrétion de l'éveil au coeur des vacuités les rend inépuisables. (F. Bonardel) L'éveil est incessamment sans traces: « Faire naitre l'incessant Éveil sans trace. » Bonardel, 188
L'éveillée est désormais dégagée de l'ordre des phénomènes conditionnés. id.

Il s'agit d'ancrer ce chemin dans la « sobriété contemplative »


« Entrer en nirvana, commente-t-elle, « c'est expérimenter

  • un état d'apesanteur,
  • un état de gravité,
  • une qualité de silence,
  • & une clarté d'esprit,
  • une liberté pour tout dire

associées à l'entrée en vacuité. » 190

La vacuité est tout au plus « une notion qui bouscule

  • nos habitudes mentales
  • & nos certitudes logiques

dans la mesure où elle n'est

  • ni un point de vue émanant d'un sujet porté à l'objectiver, à la percevoir,
  • ni davantage un regard trancendant

ce qui est relatif & immanent.

Être vide, c'est être à l'aise, car libre de préoccupations, parfois même de déterminations, c'est un état paisible & heureux. »

Paisible & heureux.
Corps réenfoui sous les couettes
se tourne alors vers la béance noire
& s'y laisse aspirer,
confiant & dépourvu de déperditions. 2h35-3h36


Ce fil de bribes d'écriture quotidienne