Matin
Ce vent austère est fort et trompeur
pour les peaux exposées longtemps.
Après-midi
La mer haute est verte de ses remuements.
Soirée
L’horizon met coucher l’astre, rattrapé par l’eau.
Quand votre œil aura pu se détacher de l’horizon parce qu’il aura trouvé la source du regard sur cette ligne assez rare en nos vallons, villes en vallées, quand le vent aura épuisé votre résistance à la flottaison de vos antennes, vous serez murmures pour un dépaysement sur les terres historiennes de l’art total.
Je ne vais pas vous dire ce que vous devez faire, hein. Qui serais-je ? Je suis très heureux d’avoir passé deux heures dans cet expo-hommage à Édouard Léon Théodore Mesens. Si vous pérégriniez du côté de leur côte, faites-vous discrets – parlez anglais ou italien ou russe, même mal, mais parlez une autre langue ! vous éviterez ces inutiles rejets... – et poussez la porte du Mu Zee, rue de Rome 11. À Ostende. (Pas le lundi, ils tiennent porte close)
Ce musée a la courtoisie de textes explicatifs trilingues. (Ce qui n'est pas le cas d'une expo jumelée dont je ne dirai rien pour ne pas vous dire ce que j'en pense...)
Collages, poésies, éditions rares, vous y croiserez tout ce que le monde artistique et littéraire a compté comme grosses pointures dans les septante premières années du siècle défunt. Le dadaïsme et le surréalisme servent de toile d'appel; l'artiste-galeriste Mesens est toutefois plus que cela.
J’ai aussi perçu en parcourant cette expo:
écrire ne suffit pas
pour être reconnu écrivain par d’autres.
Il faut encore être artiste,
et surtout avoir goût à
un réseau amical étendu.
À Bruxelles, à Londres et à Paris.
Aucun siège n'est prévu à aucun étage. Une parcimonie. Des marches d'escaliers feront l'affaire.
La photo du catalogue de l'exposition est extraite du site Internet. Ce catalogue est un collector. Il bénéficie d'une reliure solide et d'une iconographie faisant honneur à la qualité des chercheurs en histoire de l'art qui se sont penchés sur son berceau. Un prix hors norme toutefois.