Divers vers dits verdissent les vendredis Verdi.
Le tableau n’avait pas de titre: Le jardin des délices est une idée moderne. Le panneau central montré ici représente le paradis avant le déluge. (« Le Seigneur décide de détruire les humains au moyen du déluge, parce que tous se sont pervertis. »)
Peint en 1503 à l’occasion du mariage d’Henri III de Nassau Bréda (1483-1538), qui en est le probable commanditaire, avec la duchesse française Louise de Savoie.
En 1593, premier titre: La peinture de l’arbousier (cette grosse fraise sauvage).
En 1605, nommé Le panneau de la vanité et de la brève jouissance des arbouses ou de l’arbousier.
En 1621: L’humanité corrompue avant le déluge.
1635: Tableau historique de gens nus, comme aux jours de Noé.
Les interprétations foisonnent, toutes teintées bibliquement, puisque c'est à elles que pensait le peintre, croit-on. « Croit-on », car il n'a laissé aucune explication/interprétation autorisée. Donc, l'histoire de l'art lui fait dire ce que la bible en a dit. (Et pas celle du cantique des cantiques ! qui est d'une lecture davantage potable pour un agnostique... Juste ceci qui dit bien les émois de l'amour:
13 Sachet de myrrhe que mon amoureux pour moi:
entre mes seins il passera la nuit
Les titres proposés au 20e siècle donnent une idée des diverses approches interprétatives:
L’empire millénaire (Fraenger, 1947)
Le triptyque du monde (Baldass)
Le jardin des joies célestes (Wertherm-Aymès, 1947)
Le grand triptyque (Reuterswärd 1970)
Le jardin alchimique (Chailley)
La leçon du déluge (Gombrich)
Le jardin de l’impudicité (Bax)
Le faux paradis d’amour (Vandenbrock, 1990).
Il n’empêche, conclut Fischer, que Bosch n’idéalise ni ne spiritualise les plaisirs des sens mais les montre librement et donc d’une manière qui, comme dans toute son œuvre, se heurte à son rejet.
Source récurrente: Stefan Fischer, Jérome Bosch, Taschen, 2014. Cet ouvrage magnifique, issu d'une thèse de doctorat allemande en histoire de l'art (2009), offre beaucoup de pistes interprétatives; elles me saoulent à la longue car j'aurais voulu que l'art des corps primât sur l'art de l'interprétation. Mais c'est un peu comme si nul art ne pouvait survivre à son histoire, surtout s'il copine avec le religieux... Qu'on en interprétât devant moi l'éotisme suggestif et parfois torride.
Dans le chapitre consacré à cette oeuvre, qui comporte également deux panneaux se refermant peints de chaque côté, nulle part la joie, la jouissance ne sont premières. J'ai pour projet de m'attacher à en faire ressortir l'attirance indubitable qu'exercent ces couples, trios, groupes sur un imaginaire poétique.