— Tableau 1 : traduction de la proposition 67 d'E IV —

Homo liber de nulla re minus, quam de morte cogitat, & ejus sapientia non mortis, sed vitae meditatio est.  
Comparaison de traductions Traduction de la la proposition 67 d'E IV
 Notes
Pierre-François Moreau:  « Un homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort; et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie. » La note 256 précise: « critique de la position platonicienne qui prend sa source dans le passage où Socrate dit à Simmis: "ceux qui philosophent droitement s'exercent à mourir. " (Phédon, 672) Spinoza le connait sans doute par Cicéron Tusculanes: "La vie entière des philosophes, disait [Socrate]   est une méditation de la mort." On en retrouve une variante chez Sénèque, plutôt au sens où le mépris de la mort assure une plus grande sérénité dans la vie. »
Robert Misrahi:  « L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. »  Dans la note 87 attachée au corollaire de la proposition 69, Robert Misrahi précise: « Dans ce groupe de propositions sur "l'homme libre", Spinoza décrit positivement un style d'action & [un style] de vie, en même temps qu'il combat négativement les préjugés moraux. »
Bernard Pautrat:  « L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie. »
 
Jules Prat:  « Il n'est aucune chose à laquelle l'homme libre pense moins qu'à la mort; et sa sagesse n'est point une méditation de la mort mais de la vie. »

Note 129, de Bernard Pautrat

« Cette proposition est évidemment une réponse

  • non seulement aux doctrines du catholicisme, aussi fausses qu'énervantes,
    • sur le mépris de l'existence terrestre &
    • [sur] l'anéantissement méritoire de l'activité humaine
  • mais encore une réfutation de cette phrase des Tusculanes de Cicéron: "La vie entière des philosophes est une méditation de la mort." »
Maxime Rovere:  « L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie »

 Note 649: v. note 243

« Le terme méditation désigne  "l'action par laquelle on considère exactement quelque chose ... à la recherche d'une vérité. " Il signale

  • l'intensité de la concentration,
  • le soin qu'on y apporte &
  • et la durée passée à réfléchir
    • et non (comme aujourd'hui) une technique destinée
      • à orienter puis
      • à surmonter les associations mentales. »
Ariel Suhamy  « L’homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie. »  

Cette comparaison de traductions permet de se faire une idée assez précise des apports qu'une lecture serrée de l'Éthique, non dans le texte latin, mais dans ses traductions en français, peut apporter. Par ailleurs certaines notes de traducteurs au référentiel encyclopédique, sont elles aussi précieuses pour affiner le sens. Lire un des textes majeurs de philosophie européenne en étant bien accompagné.e est un plaisir rare et essentiel.


Michel Juffé fait écrire à Spinoza dans sa correspondance transtemporelle avec Freud: « J'ai dû écrire dans l'Éthique que le sage ne médite pas sur la mort mais sur la vie. Je ne suis pas un tel sage, car je succombe parfois à la mélancolie, regrettant de vivre seul. ... Dans ces moments, je me demande

  • à quoi me sert ma philosophie,
  • si j'ai bien jugé des affections3

Note 3, p.   M. Juffé à la manoeuvre: « par exemple lorsqu'il explique que nulle chose ne peut être détruite, sinon par une cause extérieure (part III, prop. 4 puis 5 à 8). »

La mélancolie, une cause intérieure, peut s'avérer également destructrice. Cette correspondance dont je parle par ailleurs sur ce site humanise ces deux auteurs du passé.

 

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