L'auteur, philosophe exégète majeur de B. De Spinoza, montre « que le renouveau de la vie est toujours possible pourvu que'on mobilise toutes les ressources de la liberté. Le bonheur ne se reçoit pas, il ne se demande pas, il se construit. »
Le déroulement de l'ouvrage est un cheminement vers l'exact « déploiement de la joie comblée ». Le simple fait d'être cohérent, constant, appliqué, soigneux dans une activité est déjà le chemin. Une lenteur, une forme de langueur habitée de soi sont certitude du chemin trouvé. Le suivre est désormais sans pourquois.

L'état de conscience individuelle, nous dit-il 13, est

Adjectifs &
libre    heureuse
active    comblée
satisfaite    justifiée.


« Cet état de conscience est difficile à concevoir de prime abord » avant qu'il n'advienne à soi. Quand il est survenu, il est évidence faite.
R. Misrahi qualifie lui-même 13 son écriture de

adjectifs &
sensible      poétique
vécue      inspirée.

Il en faut de la certitude confiée à soi pour écrire ainsi si justement sur ce qui émane de soi. Cela ne paraît pas, dans le contexte, de la forfanterie, simplement l'affirmation tranquille d'un état de fait. Sa lucidité en action.

« Mais la distance entre cet état [de conscience individuelle] & la situation affective et concrète la plus fréquente est si grande, que seul un long [et lent] travail de l'esprit est en mesure de [l']instaurer. » 13 C'est un état de bonheur & de plénitude.

Ce travail de l'esprit est un « long cheminement que je désigne » volontiers comme un
Travail de la liberté
ou Conversion
ou Initiation.

En se construisant sa vie se reconstruit, ce travail de l'esprit est un itinéraire. D'avoir trouvé un chemin à créer, jesuis désormais certain. Le corps se dira satisfait quand ce qui était désiré est obtenu. « Être heureux, c'est être comblé de ses désirs » dit le Dictionnaire Le Robert des synonymes et nuances.
Le chemin va « de la crise à la justification finale ». Il s'agit de s'initier progressivement à une perfection de vie :« Cet itinéraire n'est pas imposé de l'extérieur ». 13 Il s'agit pour chacun « d'inventer son propre chemin ». Ce chemin résulte« de son propre travail progressif & de sa propre initiative volontaire & libératrice. »

 

La langue utilisée dans la table des matières de l'ouvrage est compréhensible. Je n'ai pas lu souvent des ouvrages de philosophie aussi lisibles que celui-ci. Nul jargon, nulle grattage de cerveau pour en décoder le sens. Le style est fluide, investi d'une force qui invite au partage avec ses lecteurs. Un écrivain, avant tout.
Sa longue fréquentation de l'oeuvre de Spinoza, qui remonte à la parution de l'ouvrage consacré à Spinoza dans la pléiade, en ... 1954 (Achevé d'imprimer le 08 Octobre 1954), lui a servi de ferment, de terreau pour y épanouir sa propre philosophie avec laquelle il mène très visiblement sa vie. Il nous en fait part et nous offre une philsophie « clé en main » en quelque sorte, parfaitement adaptée à notre siècle.

Il y démontre à l'envi une conviction que j'ai, sur Nulle part, bien ancrée:
la certitude d'être devenu un soi dispense de (se) prouver à tout instant la surdimension de l'égo, quelle que soit la forme qu'il prenne:
- bagnole,
- baraque,
- un plus gros mobilhome que le voisinage,
- une piscine plus grande, plus longue, plus profonde, plus couverte… plus polluante que le voisin,
- en noem maar op...

Être un soi détaché des objets, des choses.
Être cette saveur à soi, c'est jouir
du soleil, peau offerte à faire circuler

l'énergie apprise qui irrigue le soi,
le draine, l'entraine, partie infinitésimale
de l'univers autour de soi.

Et profter de chaque instant passé
avec des amis proches.
Se savoir partie du tout,

c'est aussi connaître de l'intérieur
l'insignifiance du soi (mais vraiment !)
en particulier, et de l'humain en général

par rapport au cosmique.

L'ouvrage fait partie d'une présentation de la philosophie personnelle de l'auteur. Il y a consacré trois ouvrages; celui-ci en est le volet écrit en premier, probablement le plus poétique, dans la mesure où il foisonne d'images porteuses, de métaphores habitées gravitant autour des châteaux aux différentes époques historiques. Il le situe cependant
Il y développe un langage spécifique qui « serait à la fois philosophique & poétique, imaginatif & réfléchi, porteur à la fois de sens & de plaisir. » Il en a « tenté la mise en oeuvre dans les actes de la joie, dans Construction d'un château et dans [le très récemment paru:] les voies de l'accomplissement. » (Extrait de l'avant-propos du troisième ouvrage)

Ouvrages
Dates 1987, 2010 1975, 2006 2016
Sous-Titre fonder, aimer, rêver, agir  Comment faire de sa vie
une oeuvre
(en couverture)
Traité du bonheur
(en page de titre)
 Itinéraire pour l'existence
dans la littérature & la philosophie

 Les sous-titres sont en soi le programme que le livre contient. L'auteur y manie une langue toujours accessible, éminemment personnelle qui ravit l'esprit à l'écoute attentive de sa prose.


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