Un serein désespoir
étreint ma mémoire.
Voisine béatitude
casse le cercle vicieux
de l’espoir qui devient
déception, en boucle.
Essayez pour voir:
un espoir à vous,
ancré, là, tout au fond,
débouche sur une
récurrente déception,
non ? Ah bon ? … Ah, vous voyez !
Messianisme désuet;
espoir, forme moderne,
camouflant l’ancienne
vertu théologale:
l’espérance, condition
première d’accession
au paradis chrétien.
Aucun espoir, jamais,
n’a fait objectivement
vivre ses pratiquants.
Échapper au cercle allège
cette allégeance au poids
qui courbait les échines.
L’espoir fait vivre, mais mal.
Le désespoir s’envole
au-delà de nous-mêmes,
guidant nos libertés
retrouvées au plus près
du feu originel
sans y brûler les ailes
que nous n’avions jamais
collées, contre Icare.
Espérer le meilleur demain
est se condamner à revivre
le même empêtrement humain,
circulaire à s’y poursuivre…
Bien sûr, je puise dans d'anciennes lectures philosophiques l’essentiel de la thématique: André Comte-Sponville, Traité du désespoir et de la béatitude, PUF; tome 1, Le mythe d'Icare, 1984 ; tome 2, Vivre 1988 ; rééd. en un seul volume, PUF, coll. "Quadrige", 2002. Voir http://comte-sponville.monsite-orange.fr/index.html