Tout tourne autour de cette flèche jaune, en fait. Elle représente un double échange à travers le placenta de quelques cellules entre la mère et son foetus durant la grossesse.
Nous possédons évidemment notre propre ADN (acide désoxyribonucléique) qui résulte de la combinaison de cellules paternelles et maternelles. Le bébé possède le sien, la mère un autre qui lui est propre. Jusqu’à récemment, et depuis les recherches de Francis CRICK et James WATSON dans les années cinquante, on en était là.
Le premier chercheur à avoir détecté des traces de ce double échange cellulaire est Leonard HERZENBERG et ses collègues de Stanford (USA). En 1979.

Et là, on s’accroche parce que cela devient sérieux : nous sommes détenteurs de quelques cellules d’ADN de notre mère. Eh oui, il ne suffit pas de couper le cordon ombilical pour s’en séparer… Elle reste bien présente en nous, toute notre vie, en tout cas jusqu’à l’âge adulte. Et comme toutes nos cellules, elles ont la capacité de se reproduire, donc de se maintenir dans notre corps.

Ce n’est pas fini : dans l’ADN de notre mère, il y a l’ADN de ses propres parents, nos grands-parents, etc. jusqu’à une sorte d’infini un peu insondable. Ne pas dire ça aux cartomanciennes et autres charlatans… ils en feraient un foin pas possible, et leur beurre !

Bon, ça y est, vous commencez à percevoir les perspectives de ce microchimérisme, c’est le nom que lui ont donné les chercheurs. Une chimère est une créature mythologique fantastique, composée de plusieurs animaux, à tête de lion, corps de chèvre et queue de serpent, crachant du feu et dévorant les humains. (source wikipedia). Pourquoi les chercheurs sont-ils allés pêcher un terme de la mythologie grecque pour nommer ce nouveau phénomène cellulaire ? Mystère.

Le sens que le terme a pris en médecine est plus prosaïque : « les chimères sont des organismes formés de cellules provenant d’au moins deux zygotes génétiquement différents. » Un zygote, c’est de là que nous provenons : c’est un « ovule fécondé avant la division des cellules et avant la transformation en embryon ».

Donc la mère aussi reçoit des cellules de sa progéniture. Elle est marquée à vie, comme nous donc… La flèche jaune a deux têtes dans le schéma, n’est-ce pas.

Ce n’est pas tout : un frère ou une soeur aînée ? Pas impossible, en effet, que vous traîniez aussi des cellules de cette petite peste puisque la mère avait stocké ses cellules avant les vôtres. Et je vous laisse imaginer le nombre potentiel d’ADN différents chez le petit dernier d’une fratrie de 8-10 enfants…

Des chercheurs poursuivent leurs investigations car le microchimérisme ouvre des perspectives sur le traitement de certaines maladies autoimmunes, le cancer, des maladies infectieuses et des transplantations.
Si vous avez bénéficié d’une transplantation, ce type de cellules a pu se transférer dans votre organisme, s’il était présent dans l’organe avant transplantation.

Voilà, vous en savez assez pour aujourd’hui. Votre créativité scientifique peut se mettre en marche ! Que ces perspectives ouvertes sur l’insondable ne vous empêchent pas de passer une bonne journée !

Sitographie

Source du dessin. probablement lui-même emprunté à Scientific American.
Pour La Science de février 2010 a consacré un édito et un article au microchimérisme.
La commission nationale d’éthique pour la médecine humaine suisse a réfléchi à ce problème dans son étude N° 11/2006 sur La recherche sur les embryons et les foetus humains : vous pouvez la télécharger en cliquant sur le lien.
Un site en anglais explique le principe du microchimérisme. Il émane du laboratoire de Madame J. Lee Nelson à l'université de Washington.
Mon avis?

Merci à Gérard de Sélys de nous avoir fait plancher sur ce sujet!


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