Ah la liberté du prof dans sa classe... En tout cas, à en croire cette Ministre-ci de l'enseignement obligatoire, les profs de français du secondaire ont besoin de se faire remonter les bretelles... En effet, au creux de l'été comme par hasard, la circulaire 3223 du 15/07/2010 insiste sur le "choix des lectures des élèves dans l'enseignement secondaire".
La circulaire commence avec des mots que les enseignants adorent: "Certains parents s'étonnent ou se plaignent parfois du caractère "osé" de...". Et tout est de la même eau, même si la Ministre ne veut pas se faire accuser de censure évidemment, et le dit ouvertement. Apollinaire (Onze mille verges quand même!), Rimbaud, Baudelaire, au secours... Voilà l'Enfer qui revient (pas celui de Dante mais celui des livres proscrits par le Vatican).
Je vous laisse découvrir cette circulaire.
Si j'étais responsable d'un syndicat, je volerais dans les plumes de cette Ministre-ci... Et si j'étais prof de français... je ne me sentirais pas concerné!
Le plus grave dans cette circulaire: des "on dit" prennent subitement une importance terrible (c'est pas moi la Ministre qui dit, ce sont eux les parents !); à mettre tout le monde dans le même sac, personne ne se sentira concerné évidemment. Mauvais principe de gestion des relations humaines. Et comme une Ministre ne peut quand même pas convoquer les quelques profs des quelques parents qu'elle a entendus râler sur un marché quelconque, elle fait une circulaire que tout le monde s'empressera d'oublier... puisque personne ne se sentira concerné.
Mauvais texte, mauvaise idée, mauvaise cible.
Et peut-être une preuve que plus que ce sont les parents qu'il faudrait éduquer! Les temps prudes sont revenus. Mai 68 est loin de leurs têtes encombrées.
Mis en ligne 19.07.12; màj 29.07.12.