Benjamin Stora brûle d’un possible amour pour son sujet dans un texte à la plume habitée. A. Camus avait pris des positions fermes dans le terrible conflit autour de la décolonisation algérienne. Ce texte est animé par toutes les fourberies de la bienpensance française, au pire de sa forme. Fort de leurs inexactitudes, Benjamin Stora corrige, redresse, met au point, cite abondamment Camus. Il lui fait dire ce qu'il a vraiment dit.
On l’entend s'enflammer quand il discourt face à des auditoires conquis ou, au contraire, attentifs au moins faux-pas. Chacun des quatre chapitres se lit d’une traite. Pourrait se lire tel. Ils surfent sur un même amour respectueux de l’Histoire et des positions prises par Camus dès les années trente. Il nous en montre les nuances, nous en explique les silences face à la douleur des déchirements.
Avoir entendu* B. Stora dire, préciser, asséner, m’a révélé un historien passionné, donc passionnant. Il est de la trempe de Henri Guillemin.
À côté des écrits libertaires de Camus, rassemblés par L. Marin, ce petit ouvrage de la collection Parti Pris chez Stock a toute sa place. Il est une synthèse ardente qui dévoile un peu pourquoi l’Algérie est un pays en dehors de nos balises, comme l’est la RDC pour la Belgique.
Le colonialisme a été une exploitation éhontée de l’homme par l’homme. Il a pris d’autres formes, soi-disant plus subtiles ( ?) dans les ateliers de confection asiatiques ou les mines de Coltan.
Il est sûr que ce n’est pas plus glorieux.
*Festival « Un livre à la mer » 2013, Collioure.