L’organisation patronale fédérale (FEB) rêve entre autre d’une meilleure adéquation « entre l’offre des institutions d’enseignement et les entreprises ». Ils travaillent pour notre bien, ces grands patrons philanthropes.
Ce jour-là, le 29 juin 2010, j’ai en vain cherché le point de vue inverse. La FEB profite de l’été et de la vacance de sujets pour remplir les colonnes non publicitaires des journaux. Ce n’est pas une raison pour qu’ils suivent les arguments FEB au pied de la lettre.
Si le patronat adaptait ses besoins aux choix des élèves/étudiants ? Et s’il permettait le refinancement de l’éducation, en rémunérant moins leurs actionnaires, afin de permettre à l’offre d’enseignement de s’adapter non à leurs besoins mais aux besoins sociaux ? Changer de perspective pour offrir de nouvelles approches.
Le petit métier oublié à remettre à l’honneur aujourd’hui est le journalisme intègre et capable de prendre de la distance par rapport à son sujet.Toute la presse belge francophone reprend pratiquement le même titre, celui du communiqué de la FEB ? Une étude sémantique :
Cinq suiveurs, d’abord, aucun risque évidemment, ils reprennent le titre du communiqué FEB :
Le Soir : « 73.000 emplois ne trouvent pas preneurs »,
La DH : « Plus de 73.000 emplois ne trouvent pas preneurs »,
Le Vif : « Plus de 73.000 emplois ne trouvent pas preneurs »,
La Meuse : « Plus de 73.000 emplois ne trouvent pas preneurs »,
L’Echo : « Plus de 73.000 emplois ne trouvent pas preneurs ».
Puis trois « innovants » :
La Libre : « Jusqu’à 73 000 emplois grâce à des salaires modérés »,
un raccourci induisant probablement un contresens dans la tête du lecteur pressé, et pas de chance le chiffre exact émanant de la Feb est : 73.172. C’est au-dessus de 73.000, non ?
Vers l’Avenir : « La FEB dénonce les pièges aux congés »,
un seul élément dans un argumentaire plus complet.
Trends : « 73.000 emplois en souffrance: où sont les chômeurs ? »
Ici, on souffre, évidemment…
Et si le journalisme cessait de servir la soupe aux puissants, faisait vraiment son boulot ? Juste un exemple: la feb développe ses propres outils économétriques. Pensez-vous qu’il y en ait un qui se soit penché sur la validité de son baromètre, ou simplement attiré l’attention du lecteur sur ce biais ? Ou bien soit allé vérifier les chiffres officiels auprès de ce site.
Le conditionnel: le journaliste serveur de soupe se rend compte que l’info qu’il répercute fidèlement est tendancieuse mais ne va pas la vérifier. « En Belgique, il existerait, en effet, moins de travailleurs pauvres qu’à l’étranger, selon les calculs de la Fédération patronale.» 1. Et les vrais chiffres sont: néant… Quatre conditionnels dans tout l’article donnent du coup du crédit aux autres affirmations tendancieuses pourvues d’un verbe au présent simple.
Comme il n’a rien vérifié, le journaliste cautionne le tendancieux patronal et offre ainsi une information sujette à caution.
Merci au Cesep et à Gérard de Sélys de nous avoir faits travailler sur ce sujet!