Les portes sont hautes et lourdes. Elles sont cirées de miel. Leurs clenches de cuivre luisent dans le couloir. Elles sont closes. Rien n’indique sur quoi elles s’ouvrent ni si elles s’ouvrent d’ailleurs. Pas de clés dans les serrures.   

Juste un petit tableau blanc sur chaque porte.

Il y en a neuf, toutes pareilles, toutes de bois blond. Comme le plancher qui leur sert de décor.

Leurs linteaux s’appuient sur des murs uniformément crème. On ne sait pas si les murs encadrent les portes où si les linteaux soutiennent les murs.

On sait juste que l’ambiance invite à baisser la voix. Et que les cœurs en attente battent un peu plus vite, un peu plus fort.  

Quand on avance dans le couloir, certaines lattes chantent sous le poids des corps. Jamais les mêmes.  Impossible de déterminer un chemin qui laisse le bois silencieux. Impossible de passer là sans se faire entendre.

On dit que les murs ont des oreilles, les portes en ont elles aussi, de plus grandes. Et qui peut dire qui veille derrière les portes blondes. Et qui dort?

Les portes invitent à découvrir ce qu’elles cachent. Les narines ne suffisent pas à le deviner.

Les yeux, même s’ils se laissent tenter par le trou des serrures, ne parviennent à saisir que quelques rayons de lumière. Les mains qui caressent leur bois n’en explorent que le mystère.

Qui dira le désir d’ouvrir les portes closes ?

À  droite de l’escalier qui mène au couloir, un tableau accroche le regard.

Parcourir l’unique tableau  sur le mur nu, y reconnaître le plan du couloir.  Lire des prénoms sur des étiquettes d’écoliers : Catherine, Monique, Jean, Isabelle, Françoise, Karel, Dominique, Germaine, Michèle, Marie-Astrid… On ne sait pas ce que ceux-là partagent, on ne sait pas ce qu’ils font là. On ne sait ni qui ils sont ni ce qui les lie.

Alors, je rentre chez moi, je ferme ma lourde porte de bois. Puis assise à mon bureau,  je rêve leur territoire, je cueille ma pensée et j’écris notre histoire.

Incitation: choisir chacun deux lettres de l’alphabet pour construire un abécédaire de groupe sur le modèle
d’ ‘Album’ de Marie Hélène Lafon.
Souvenirs d’internats  et d’une visite au château de Waroux à Ans lors de l’exposition ‘L’impressionnisme et la femme’.
Domi  08/02/13


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