Alors je suis sorti.
Alors j’ai senti le vent tiède sur ma peau.
Alors je me suis mis en marche.
Dès lors, il n’y avait plus que ça qui comptait.
Dès lors, mes pas portaient mon corps lourd et engourdi qui m’emmenait je ne sais où.
Dès lors, où j’allais n’avait plus aucune importance.
Dès lors, seul le rythme de mes pas sur le bitume retenait mon attention.
Seul le battement de mon cœur, de plus en plus rapide, à mesure que mon allure accélérait, m’interpellait.
Seul mon corps en mouvement pouvait décider de ma destination.
Seul le vent pouvait caresser ma peau.
Seule la pluie pouvait frapper mon visage.
Seulement, il y avait la ville autour de moi ; et tout ce trafic qui grouillait et m’embrouillait.
Seulement il y avait le bruit des voitures, le bruit des gens autour de moi, de la foule, des passants, de la rue, le bruit ; le bruit.
Seulement moi je voulais courir, courir.
Juste aller plus loin.
Juste m’enfuir un peu
Juste pour sentir battre mon cœur ; sentir le vent tiède ; mes pas cadencés sur le sol : je voulais juste voir ce que c’est d’être libre.
J’ai juste eu le temps de me retourner avant qu’ils ne sortent de leur fourgon.
Avant qu’ils ne m’encerclent.
Avant qu’ils ne brandissent leurs matraques.
Avant qu’ils ne lèvent la main sur moi.
Et qu’ils m’embarquent comme un chien galeux.
Et qu’ils me ramènent dans leur centre fermé.
Et qu’ils me refusent définitivement l’asile politique.
Et qu’ils tentent de m’expulser.
Alors je suis sorti.


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