C’est une rue à demi
Aux maisons sans vis-à-vis
Désappariée
Dépareillée
Seuls subsistent les numéros pairs
Elle a perdu ses impairs
Sous le terrain vague devenu vague parc
(Paulownias et pommiers d’ornement
Pelouse, graviers, deux ou trois bancs)
Sont enterrés gravats, murs peints et cheminées  
Les fenêtres d’en face reflètent l’autoroute, le chemin
De fer, et le mur antibruit avec ses graffiti
Les chiens font pipi, et leurs maîtres aussi  
Sans vergogne parfois, dans les anciens jardins
Où séchaient des draps blancs et des torchons de lin
Qui, sur l’autre rive, se souvient encore
De la ménagère blonde, à sa fenêtre le matin
Saluant d’un sourire la fraîcheur de l’aurore ?


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