La ville rampe sous les lampes
La ville grimpe les collines
La ville enjambe plusieurs fleuves
Et prend le train pour d’autres villes
Elle fait tache d’huile
Dévore les sous-bois
Bétonne les prairies
La ville lance vers le ciel
Les doigts tendus de mille mains
Peuplées de milliers d’humains
La ville s’enfouit sous la ville
Excavée de souterrains
D’artères sombres et de veines
La ville murmure, ronronne, ronfle, gronde
Elle fume, tousse et crache
Ses poumons d’asthmatique
La ville tumorale  
A des banlieues métastatiques
Le soir, elle a peur de son ombre
Elle grouille de vers luisants
Lumières vigiles aveuglant
Les étoiles - la lune est trop pâle
La ville est aux aguets
Elle a des yeux par milliers
Et des milliers d’antennes
Toutes ses nuits sont blanches
La ville ne dort jamais.

Georges Moustaki, Heureusement qu’il y a de l’herbe


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