L’odeur fade des roses ce matin m’écœure
Paupières closes je surprends ta main – ferveur
Tu délies les nœuds si serrés du dormir

Tu me réveilles, tu m’envoles, tu m’éclates
Toute la mer se noie dans les flots écarlates
Dans l’aube de l’eau, revenir à soi, mourir

Tu m’abandonnes au reflux rouge de la vague
Roule encore sa robe d’écume, je zigzague
A moi ! je ne respire plus, dernier soupir.



Les roses de Saadi

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées

Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.  
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.

Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

Marceline Desbordes-Valmore


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