« La maison était grande, coiffée d’un grenier haut…* »

Ma maison n’était pas grande
Vous m’avez ouvert la vôtre
Notre jardin clos minuscule
Me tenait prisonnière
Le vôtre m’offrit la luxuriance
Chez nous, point d’animaux
Vous m’avez appris les bêtes familières.

La bibliothèque tenait dans l’embrasure
d’une porte condamnée
Affamée de lecture
Lassée de la Comtesse de Ségur
Il me fut permis d’y puiser à loisir
Je préférai à Lamartine
La Maison de Claudine
Méchant papier, format magazine

Madame, j’entrai en poésie  
En pénétrant votre univers
J’avais appris des vers
J’avais un peu de vocabulaire
Mais vous m’avez donné  
« La chair chaude des mots »
chère à Raymond Queneau
Vous m’avez appris la douceur des pelages
Les parfums, les saveurs
des fruits et des fleurs
Leur troublante sensualité  
et les mots pour la dire

C’est vrai, vous n’avez pas écrit de vers
Mais à chaque fois que je vous retrouve
C’est un poème que je lis
« Et pour tant de beauté, merci et chapeau bas** »


*Incipit de « La Maison de Claudine »
** Barbara, Chapeau bas.

 


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