Le soleil incendiait l’horizon lorsque nous aperçûmes l’île, rose dans le couchant. Une brume indécise l’entourait d’un halo tremblant. Trémolos. En quelques coups de rames, nous atteignîmes le rivage et mîmes pied à terre. Désert de dunes arrondies. Le sable était duveteux et velouté. Peau de pêche. Sable émouvant. Sable mouvant. Animé de subtils mouvements vibratoires réguliers. Troublant. En progressant, nous découvrîmes une dénivellation rouge creusée de fins sillons. Etrangement, le mot « pulpeuse » nous vint à l’esprit. Nous contournâmes l’obstacle pour nous trouver nez à nez avec une colline percée de deux grottes jumelles. Un souffle tiède émanait des cavités. Il ferait sans doute bon y dormir, mais il fallait continuer notre exploration. C’est alors que nous vîmes les deux lacs. Où se reflétaient les dernières lueurs du jour et le premier croissant de la lune. Deux miroirs liquides, solides. Insondables. La mer avala le soleil et brusquement, les deux lacs se voilèrent. Deux volets qui se ferment sur la nuit. Les mouvements du sol se firent plus amples. Au-delà des lacs, la grande dune se coiffait d’une végétation dense. Varech, algues longues et emmêlées qui s’étendaient en pente douce jusqu’à la mer où elles flottaient mollement dans une mousse d’écume. C’est alors que nous entendîmes le bruit. Un bruissement léger qui devenait tour à tour grondement, sifflement, soupir… Il fallut bien se rendre à l’évidence. L’île ronflait.