C’était un ourse* solitaire
qui se terrait dans sa tanière.
Il fallut bien du talent pour
le faire sortir au grand jour
et l’amener dans la lumière.

C’était un ours au poil noir et
dru, mal léché, mal dégrossi.
Bien malaisé d’apprivoiser,
d’attacher l’anneau, le mener
par le bout du nez mais aussi

de le faire marcher, tenir
debout, danser au rythme du
tambourin. Et tous d’applaudir
le pauvre balourd éperdu
parmi les foules en délire.

Mais un jour on trouva au bord
d’une route isolée le corps
brisé lacéré mutilé
du montreur d’ours à demi-mort.
L’animal s’en était allé.


* NDE: l'auteure précise qu'il s'agit d'un svarabhakti, en renvoyant vers une définition.