19 11 1916 Natsume SÔSEKI, Poèmes |
Commentaires du traducteur Alain-Louis Colas |
Voir la voie, sans nul langage, rien qu'en se donnant le calme; tourner les vers, avec les mots, pour peu qu'on cherche le pur. |
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Le soir du 20 11 1916 | |
Trace du vrai, vaste désert trop vague pour qu'on la cherche. | La trace sans trace, le visage originel, l'aspect premier des choses, hors de l'artifice mais indéfinissable. |
D'un cœur coeur entièrement net, cheminer à travers le temps ! | Un conseil que Sôseki a passé sa vie à mettre en pratique: netteté intérieure, effort, vigilance. Le naturel se reconnait à la simplicité & à la tranquillité du mode de vie. |
L'onde & le mont virides n'ont rien qui leur fasse un soi-même; l'espace & la terre immenses ne sont que détachement. |
Suivre la nature, quitter le moi... - voir la rose d'Angelus Silesius. La nature est le réel. Cette objectivité m'est en son éclatante netteté, dans sa clarté diurne, comme son état crépusculaire & nocturne. |
Les indistinctes couleurs du soir, la lune sur les herbes; les confuses voix de l'automne, le vent parmi les bois. |
Présence du clair-obscur. |
La vue, l'ouïe, je les oublie, le corps aussi je le laisse. J'ai tout le ciel pour chanter mon Poème d'un blanc nuage. |
Le moi est quitté, effacé dans la totalité du monde. Le blanc nuage est le compagnon traditionnel de l'ermite, image de sa libération intérieure. Le nuage, mobile & lointain, ne fait que passer sans laisser de trace. |
Le 22 11 1916, Sôseki N. est retrouvé inanimé dans son cabinet de toilette. Il meurt le 9 12 1916 sans avoir pu achever Clair-obscur. |