Sa peinture dégage le tranquille nuancé. Il se respire près de ces grandes surfaces structurées une forme sage du soi qu’il semble, dans ses entretiens, avoir trouvée.

Non figurative, sa peinture porte sens. Sensualité des noirs. Elle offre des plages, des reposoirs à l’œil qui les caresse. Il s’amorce à son contact une forme d’ascèse réussie.

J’ai parcouru les deux salles de Fabre-Montpellier deux fois dans chaque sens. Cette insistance à l’imprégnation m’a ainsi livré une voie possible entre elles et moi, une sensation vibrée sans intermédiaire.

Cette finition soignée porte art en soi. C’est là que le peintre anticipe le geste avant de le poser. La sûreté du mouvement aboutit au pulsé calme. Intense, il insiste sur un possible chemin au-delà de l’extérieur anonyme.

Soulages fait montre d’une sobriété heureuse, condensée. Il dispose le silence sur la surface, nous le rend presque impalpable, comme on le dit d’un sucre.


Deux autres liens : Salle 46, Salle 47.


Christian Bobin, dans L’homme-joie (éditions L’Iconoclaste, 2012), consacre quelques pages au peintre. Extrait:

« Une lumière d’or blanc bat leurs flancs. Leur souffle est lourd, imbibé de silence… Je ne suis pas devant l’œuvre d’un contemporain mais devant le plus archaïque des peintres. Ses peintures sont des maisons zen, les trois quarts d’une maison zen dont le spectateur fait le quart restant. » (32-33)

 


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