Presque au moment de sortir de cet immense hangar transformé en musée d'art contemporain, je rencontre les toilettes. Accueil plaisant de l'intestin. Mains lavées, je pousse la porte et je « rebranche »... Le trapillon droit se défausse, je l'ai trop brièvement en main mais il m'échappe. Calme, serein, je pose un genou à terre, trouve la pile presque instantanément.
Une dame sort des autres toilettes:
- Vous allez bien, Monsieur ?
- Je vais parfaitement bien, Madame, je cherche le porte-pile d'un de mes appareils auditifs.
Elle cherchera plusieurs minutes avec moi. En vain. Je la remercie et continue seul. D'en haut, cela ne donne rien. Je descends trois marches de l'escalier de sortie et pose le regard agenouillé sur la surface du sol. Le volume se révèledans les trente secondes. Il suffisait de changer de perspective. À se demander comment les minutes précédentes, il m'avait échappé.
Il m'a rendu au monde sonore.
Chaque acte posé l'a été en conscience. Au moment de poser le pied sur la première marche, je savais juste que je ne descendrais pas, que je n'avais pas abandonné, que je n'abandonnerais pas. Sur la troisième marche, je me suis retourné pour m'agenouiller. Ce geste n'était pas prémédité. L'instinct intuitif ? J'ai pris conscience, pleine conscience, de la raison d'être de cette génuflexion au moment même, pas avant. LA PLEINE CONSCIENCE SANS PENSEE, c'est quand la pensée ne précède plus l'acte posé, l'action entreprise, le mouvement effectué. Il « suffit que » la conscience soit libre d'aller et de venir à sa guise. Elle autoréalise ce dont elle s'est fait pleine.
La manière dont le regard a mené le pas hors pensée est une émotion que je tenais à partager avec vous.


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