Feuler à l'éveil
tel l'animal
que la nature a tenu
la nuit durant
en son cocon.

Être le parcours de l'énergie citadine,
ferme et douce; férue sans excès,
léniente telle la bienveillance à soi.

Se « re-co-naître » forme du monde
parmi les formes.
Vaquer à être en glissant
d'un faufilé instinctif et serein.
Juste être le désir qui jaillit
dispense de poursuivre des chimères:
ne rejoignent la valise
que des objets pensés
avant le départ.
Plus quelques heureuses rencontres
à l'intérêt permanent.

Le corps se nourrit mieux à l'instinct.
L'esprit bien mieux alimenté par Spinoza
et quelques exégètes;
le Tantrisme alimente le corps;
en particulier celui de la reconnaissance de soi.

L'excès & ce vide à combler
semblent s'être envolés.
Les tentations foisonnent
dans les vitrines de la ville:
elles n'éveillent aucun désir.

Alimenter le gouffre n'a plus de sens:
il s'est refermé, volatilisé.

Une sensation instinctive: le corps
va prendre le temps de s'affiner,
de conduire hors de soi
les réserves accumulées
à l'écart du gouffre...

« Qu'il [le corps] éprouve un désir pour une nourriture, il convient de satisfaire ce désir si possible, selon ses possibilités. » (Tantra, 23)

S'élancer, découvrir, assurer,
asseoir une cohérence sereine
en pleine conscience de soi.

Faire des réserves de livres par exemple
n'a plus de sens.
L'actualité littéraire,
ce papillonnage romanesque (et commercial)
qui fait passer le temps
dans un univers rêvé par d'autres,
est un non-sens:
le temps passe tout seul.

Panta Rhei et notre univers suffit.

Quelques univers imaginaires
se sont tissés à même la matrice du soi
et y ont laissé une empreinte durable.
Jamais en ceci l'excès n'a été ma demeure:
Sterne, Sternberg, Schuiten-Peeters, Abeille.
Quelques autres plumes hors fiction.

La poésie est une exception:
elle délivre des univers
souvent instinctifs
dont il est bon parfois
de s'imprégner par essais et erreurs.

Avoir si longtemps été au bord du gouffre
devant un péril imminent,
sans l'effroi définitoire ou à l'insu de soi,
sans même savoir ni sentir
qu'il était une béance insondable;
puis, y être devenu attentif en conscience
détache petit à petit le gouffre de soi.
C'est comme s'il s'était dissous dans la conscience.

Elle semble avoir ce pouvoir libérateur
de pulvériser ces CONSTRUCTIONS MENTALES car,
« en réalité », ce gouffre est une construction mentale.
Il n'existe pas. [Bien sûr!].

« Une fois convaincu de cela, on retrouvera la paix. » (Tantra, 356)


Cet ouvrage traduit du sanskrit par D. Dubois est un simple bonheur de table qu'un-e libraire de chez Mollat (Bordeaux) a choisi de sortir de l'anonymat des couvertures en le dressant. Cette heureuse rencontre comble le soi.

 


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