Leur art du dessin exprime une forme de plénitude paysagère à l’encre noire sur papier beige apposé sur huit panneaux de ce paravent coréen fin XVIIIe à fond tapissé bordés de bois. Je m’en suis calmement imprégné. En avant-plan, un éboulis de pierres savamment disposées cale le regard de son exploration vers le haut. Arbres et montagnes étagent la verticalité. Les arbres de l’avant-plan sont d’un trait assez noir tandis qu’une encre grise a tracé ceux de l’arrière-plan, suggérant une brume à flanc de montagne.
De dix à vingt sommets s’élèvent en discrète majesté. La présence humaine est visible: maisons dans lesquelles de petits personnages s’animent, vivent. L’extérieur aussi accueille cette présence. Chaque maison est disposée d’une manière telle qu’elle semble liée à son milieu par des fils ténus, invisibles et forts.
Les quatre saisons sont représentées: le premier manifeste l’hiver par ses sommets blanchis. Beaucoup d’arbres ressemblent à des pins, troncs souvent apparents. Ces paysages de montagnes paraissent propices à suggérer la plénitude sereine d’une symbiose recherchée et aboutie entre l’homme et son milieu. L’estompage de l’arrière-plan semble suggérer un paysage de brumes calmes. Un lac ou une rivière sur lesquels un bateau vogue, guidé par un barreur muni d’une perche, un pont de ci de là; l’eau, la terre, le ciel, la nature et l’homme sont présents, comme en symbiose
respectueuse les uns des autres. Du minéral, du vivant, de l’humain. Aucun animal n’a attiré mon regard: trop de chasseurs embusqués pour qu’ils se montrent…
Je cherchais un bouddha au musée Guimet, ce paravent fit l’affaire.
Une préférence malaisée à exprimer: maison de village ou maison isolée ?
À Bord d’eau ou non ?
Chemin unique qui y mène ou sentier commun ?
Ce paravent, qui transmet si bien un ressenti fort d’un milieu humain, est-il mésologique ? Tant qu'à faire !