J'aime cette lenteur efficace
donnée à ma vie.
Se déposer au pied de l'Arbre, sous lui.
Invoquer d'une simple présence
sa protection salvatrice.
Après tout, il a fini par ancrer l'être au lieu.
Jamais accordé tant d'attention au jardin:
passerai plus d'une heure
à dévisager trois des pommiers.
Couché en dessous,
sur le dos,
à les observer.
Ai, suite à cette attention portée
au vivant proche,
dégagé le pied de chaque arbre.
La vigueur d'un chêneau gênait l'un d'eux.
La brouette s'est vidée à la fourche
pour remplir de broyats les carrés dégagés.
D'autres tas attendent encore
la sollicitude du broyeur.
D'autres arbres seront ainsi équipés.
Ce sera une année pommière
si tous leurs fruits
se rengorgent.
Ces soins lents portés
à cette pomeraie
d'essences anciennes
m'emplissent tout entier
d'une sérénité
sans équivalent.