Être devenu sensible
au charme attentif
du paysage enfenestré
face au bureau paternel
accroché à la bordure
du havre incorporé,
fait prendre conscience
& apprécier le retrait
sans grandiloquence
dont le corps se ceint
en cette neigeuse dépareillée.
Faire resurgir
Le livre de la neige
(François Jacqmin, 1990),
une évidence:
« ... Celui qui expédie la neige à coups de syntaxe
indique
son manque de naissance.
Avec lui la blancheur est réduite à la roture
du style. » (38)
« Belle
sans la disgrâce de la précaution, la neige
éblouissait
de toute son expérience précaire.
Sa légèreté
était un pressentiment qui précède
le toucher. On ignorait
si sa fourrure
frôlait la démence ou l'immatériel.
En la regardant, l'âme se savait regardée. » (39)
Le rideau insiste,
collant sur le paysage
un intense nappage
dont le dense s'apprécie
à chaque coup d'oeil
détaché de la page.
Son insistante langueur
en sa chute assidue
rend précieuse, élégante même,
la vue d'ici.
Le corps consent, presqie joyeux,
sans de fastidieux délibérés,
au déport de quelques achats de proximité
après la nuit, dans un répit.
Chaque surgissement aiguise l'observable.
Est-ce le déclin prévisible
ou la densité d'un nuage alourdi de promesses
qui soudain éteint un peu mieux la fenêtre
& renforce le cocon lumineux
traçant son halo sur les pages,
à la fois lues & écrite.
Une neige incessée
s'entremet, éternelle
accouchée sur le pré.
L'oeil incorporé
garde en mémoire le portrait
d'un jour qui a tenu sous boisseau ses outrages.
La neige bleuit face à la nuit sourdie.
C'est au réassort de soi
qu'il s'agit de donner du ressort.
L'essor peut déboucher sur
l'Ouvert cher à François Cheng.
Éviter l'essorage: une attention à lui porter.
Faire parler une bibliothèque
auprès de laquelle je vis
à bonnes sources assemblée,
les choix d'une vie,
les tris dans les parentales,
les rapprochements interpèlent.
Ce cocon livresque
s'est installé par étapes,
à chaque tournant de vie,
comme si elles ne pouvaient
que s'additionner
en se stratifiant.
Je n'ai rien à me dire. Et personne à qui le dire.
Se pénétrer profondément
de la force d'un pas au
creux de soi sans dévisser
de son socle.
Pratiquer le pas de vis
évite le "Pas de bol !".
Le passage à gué de l'an
corps gai de trouvailles quinzomadaires.
S'imprègne une pondération
moins noire de geai.
Comme une victoire, en somme,
chaque jour à reconquérir.
L'ère rance
dans laquelle
nous sommes engagés
nous dilapiderait
si nous la laissions
nous co-rompre.