Rodin émeut par la seule caresse promise
la beauté sculptée, cajole l’oeil du mouvement.
Cette sensualité marbrée passe chemise,
se tourne vers l’artiste, cherchant réchauffement.

Boisson chaude et mains actives burinent ces frises
sur son corps alangui; re-pose fébrilement,
s’offrir davantage à l’artiste, avec gourmandise.
La promise frise l’audace, mais l’art ment.

Camille souffre du passage; ses mains canailles
façonnent l’ouvrage; mais l’élève douée
se brûle, ceint le maître, rêve, ferraille.

Hautains, mère et frère placent* l’inapaisée.
Écartement, trente ans sans argile: carnage.
La morale est sauve mais quel saccage !

10 & 11 02 10 lu à l'atelier de la rue Trappé.

* Quelques jours après le décès du père, qui avait toujours protégé sa fille. Elle mourra de faim et d'abandon pendant la guerre 40-45. Louis Scutenaire a, dans Mes Inscriptions I, le mot qui résume le frère: « Paul Claudel est la grenouille qui a pu se faire aussi grosse que le bœuf. »

Le musée Dubois-Boucher consacre(ra) plusieurs salles à l'oeuvre de Camille Claudel, à Nogent-sur-Seine. Merci à Monique Tomson d'avoir attiré mon attention sur ce lieu!


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