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Portraits: John Berger on artists, |
L'extrême concision de l'un (79 pages), l'art discursif de l'autre (512 pages), deux façons d'approcher l'histoire de l'art, principalement pictural, mais J. Berger fait aussi quelques incursions dans la sculpture, notamment avec A. Giacometti et H. Moore.
F.F., comme il signait souvent, disparaît derrière le sujet, se fait volontiers technique et respectueux des artistes, ses contemporains. Il construit notre regard en l'instruisant. Il manie de façon dense le peu de mots qu'il emploie; il est aussi l'auteur de ces célèbres Nouvelles en trois lignes qu'il avait offertes au journal français Le Matin.
John Berger, dans son style si personnel, nous balade parfois fort loin de son sujet, tant il est à son affaire dans le texte ample et personnel. Les artistes qu'il a connus font souvent l'objet d'anecdotes personnelles savamment, élégamment conduites jusqu'à nous. Sa plume classique si particulière, diserte, informée, probablement autorisée, évoque, par moments, celle d'un Henry James au meilleur de sa forme.
Deux styles, deux joies de lectures. Les écrits sur l'art, qu'ils soient de la main des artistes mêmes, comme cet étonnant A. Bourdelle, ou de la plume de critiques d'art, livrent souvent des plaisirs, des éclairages, des points de vue propres à enrichir notre lecture du monde.
L'art discursif de John Berger nous emmène au coeur d'anecdotes pêchées dans sa vie propre tandis que la concision si pointue de Félix Fénéon nous emporte au plus près de l'oeuvre d'art même. Les deux ouvrages, dans la manière propre à chaque auteur, nous livrent une vision très enrichissante de l'art dont ils font l'histoire.
Chez F. Fénéon, aucun effet de manche, rien à dégraisser. Il a le regard vissé à la pointe de sa plume, la pertinence de la notation précise, définitoire.
Illustrations L'éditeur Espaces&Signes a choisi la couleur pour éclairer 25 fois ces joyaux textuels: onze proviennent d'UE, 10 des USA, trois appartiennent à des collections privées et une est hébergée en Australie. Aucune opinion émise, de respectueuses explications sur les avancées scientifiques mises en valeur par les peintres sont délivrées avec une économie de moyens remarquée.
John Berger, au contraire, a le JE facile et les illustrations sont en noir et blanc. Ce JE est par exemple particulièrement à l'oeuvre dans la notice consacrée au sculpteur H. Moore (n°36, 309-318). Il sait dresser un bilan qui éclaire l'art sculptural avec intelligence. Il formule au contact de certaines oeuvres, celles de F. Kahlo par exemple, des intuitions qui étoffent notre appréhension de son art à elle.
Les deux ouvrages rassemblent sous reliure unique des chroniques données à diverses sources. Même si le volume assemblé est sans comparaison, chacun est précieux à tant de titres qu'ils peuvent faire le bonheur d'une bibliothèque d'écrits sur l'art.