« mais on peut déjà
dire ces choses de
manière moins savante. »
A. Berque, Poétique de la Terre, p. 160
Quand j'ai lu ces dix-sept pieds (5-6-6) le 6 12 2015, j'ai instinctivement décidé qu'ils feraient un bon titre de livre; c'est très exactement le projet que je poursuis au long cours dans l'oeuvrage de l'auteur. La tâche rend humble par son envergure même. Le temps dont je dispose désormais et l'intérêt, plus constant, plus assidu, que je porte à la mésologie jouent en faveur de l'accomplissement de cette tâche. Si elle me passionne, c'est avant tout parce qu'une intuition me porte vers cette moins savante manière de dire les choses pour lui offrir, à la mésologie, une chance éventuellement de devenir plus compréhensible sans devoir suivre, comme je le fais, le cheminement intellectuellement trop ardu de son concepteur. Une meilleure compréhension de ses apports offrirait alors une conceptualisation de la sortie par le haut que l'auteur appelle bien de ses voeux. L'idéal reste que ce projet devienne collectif. Je pourrais sous peu souhaiter m'y atteler également.
S’est posée la question: comment présenter une lecture de Poétique de la terre ? Elle ne se substitue pas à l’ouvrage. Elle se voudrait être un complément utile à en fixer la compréhension, donc le sens. Pour soi, pour d’autres.
La table des matières aide à effleurer le contenu passionnant de cet ouvrage fondateur. Elle va servir de trame à l’exposé plus analytique de l’ouvrage, en parallèle avec le lexique mésologique qui se constitue patiemment.
Tant de langues inconnues livrent leurs mots, leurs concepts, qu’il est utile pour la mémoire d’en noter les occurrences, les définitions: grec, latin, sanskrit, japonais, chinois, allemand; anglais & français bien sûr. L'ouvrage présente un système philosophique qui a institué le néologisme en science fondamentale, voisinant la discipline propre aux beaux-arts parfois !
À force de discourir (logos) sur le milieu humain (méso-), A. Berque finit par nous faire comprendre les outils qu'il a progressivement mis en place. C'est la fonction même de cet agencement serré de raisonnements qui s'enchaînent sous nos yeux. Il prend appui sur un appareil de décodages cohérent, savamment construit au moyen de tant d'outils que parfois nous nous y perdons, c'est NOTRE limite ...; il co-construit, il construit avec nous, ou en tout cas sous nos yeux, des enchaînements dont il nous revient de ne rater aucun embranchement. Avec ses écrits, A. Berque nous apprend aussi à mieux porter attention au récit qu'il déploie, et plus généralement à un récit qui se déploie. C'est un bienfait induit supplémentaire.
La façon qu'il a de décortiquer tant de penseurs, occidentaux et orientaux, qui l'ont précédé ressortit du souci très légitime « d'expliquer perpétuellement ce qu'il doit à ses propres devanciers, en quoi sa propre doctrine était déjà en germe dans la leur [...] ». A. Comte-Sponville, à propos de Leibniz, in C'est chose tendre que la vie, 2015, 116. Cela rend sa lecture à la fois passionnante et (très) difficile ! Son panthéon personnel semble fait de tant d'icônes qu'il faut parfois savoir couper court...
Cet article-ci sert de carrefour pour l'approche analytique du livre Poétique de la terre, à laquelle Nulle part va se livrer dans les prochaines semaines. des hyperliens supplémentaires apparaîtront en rouge à mesure de la progression. Je me suis promis de me tenir à cette lecture annotante pour qu'elle progresse de façon aussi rapide que possible. De ne pas me laisser disperser par le papillonnage...
Titre Poétique de la Terre |
Auteur Augustin Berque |
Sous-titre Histoire naturelle et histoire humaine, essai de mésologie |
Propos | RENATURER LA CULTURE, RECULTURER LA NATURE, PAR L'HISTOIRE |
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Parties | Chapitres | Paragraphes / Sous-chapitres |
1e RECOSMISER | I Le renversement du poème |
1 Dans les bois de la Touraine |
2 Dans la forêt hercynienne | ||
3 Chez les gens au visage plat |
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4 Au lycée du Stagirite, et ce qu'il s'ensuivit |
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II Destins du sujet | 5 Pourquoi dire "sujet" ? | |
6 Émerger ou s'engloutir ? | ||
7 Sans lien ni lieu: le sujet hors monde |
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8 Auto-fondation du moi, ou bien du monde ? |
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9 Saisie de soi, ou éveil à soi ? |
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10 L'imposition du sujet au Japon |
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11 Les affres du sujet prédicat |
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12 L'hégémonie du TOM Topos ontologique moderne |
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III Destins de l'objet | 13 Le monde objectifié | |
14 L'arrêt sur objet | ||
15 Substance ou insubstance ? |
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IV Acosmie, ou cosmicité ? |
16 Terre, monde, cosmos, univers |
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17 L'acosmie | ||
18 Cosmicité 1: de corps en monde et de monde en corps |
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19 Cosmicité 2: au-delà de l'acosmie |
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2e RECONCRÉTISER | V La médiance humaine |
20 Le moment structurel de l'existence humaine |
21 Médiance et émergence de l'être humain |
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22 Corps animal et corps médial |
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23 Le sentiment des choses |
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24 Être vers la vie et morale pratique |
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25 Médiance et religion | ||
VI Croître ensemble |
26 Concret, concrétude, concrescence |
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27 Les lieux, les choses, les mots |
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28 Milieu nippon, discours et haïku |
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29 La co-suscitation des choses |
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VII Admettre le tiers |
30 Le retour d'un livre ancien |
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31 L'affranchissement du logos |
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32 Le bannissement du troisième genre |
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33 La troisième des deux vérités |
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34 En deçà du bond mystique |
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3e RÉEMBRAYER | VIII La nature fait sens pour la nature … et au delà |
35 Sens, milieu, subjectité |
36 La trajection du physique au sémantique |
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37 La médiance du vivant | ||
38 S'identifier à une autre subjectité |
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39 La nature fait sens de soi-même ainsi |
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IX La contingence de la vie même |
40 Faire exister en tant que | |
41 Hasard, contingence, nécessité |
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42 La trajectivité de la vie | ||
X Histoire, évolution, trajection |
43 Lemmique du vivant et naissance du sujet |
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44 La caverne du monde et le désert du logos |
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45 Natura natura semper: poétique de la femelle obscure |