Voici notamment ce qu'en dit le site de l'éditeur:

« Prince des philosophes », selon Deleuze, « moment crucial de la pensée moderne », selon Hegel, Baruch Spinoza (1632- 1677) est considéré comme le philosophe le plus dérangeant du XVIIe siècle. Héritier dissident de Descartes, il décida de suivre la raison jusqu’au bout et élabora ainsi une philosophie radicalement neuve, aux conséquences révolutionnaires.
Ce volume permet d’accéder à l’intégralité de ses écrits dans les traductions originelles de Charles Appuhn, depuis Les Principes de la philosophie de Descartes jusqu’au chef-d’oeuvre qu’est l’Éthique, en passant par le Traité politique, le Traité théologico-politique, le Traité de la réforme de l’entendement, le Court Traité, les Pensées métaphysiques et la correspondance. »

Les avantages de cet ouvrage tiennent moins à la traduction, probablement libre de droits d'auteur, de Charles Appuhn qu'à l'appreil critique offert par Thibaut Gress. Il est notamment Directeur de la publication du site http://www.actu-philosophia.com/.

Le sommaire de l'ouvrage en indique la richesse. Il rassemble d'une part en un volume la traduction un peu datée (mais de qualité) de Charles Appuhn (1862-1942) à côté d'un travail précieux effectué par son éditeur. T. Gress en note toutefois deux défauts (pp. XLVII-XLVIII), l'un tenant à l'édition Gebhardt sur laquelle il a adossé sa traduction de 1929, l'autre à certains choix de traductions, également relevés par P.-F. Moreau dans son cours oral. Le plus ennuyeux, nous dit l'éditeur, est cette confusion entre anima (âme) et mens (esprit) ainsi que celle affect et affection.

Il a donc repris ici sa première traduction de 1909 qui, elle, se réfère « à l'édition, globalement fiable et précise, de Van Vloten et Land, initialement parue en 1882-1883 & reprise en 1895 dans une version plus correcte ».

La note précise également, avec un grand sens de l'à-propos, les diverses autres traductions disponibles en français en soulignant leurs qualités intrinsèques.

 Le Glossaire du spinozisme fait notamment montre d'un bel esprit clarificateur. S'en donnent quelques exemples plus bas. Son envergure est évidemment moindre que d'autres entreprises plus volumineuses. Mais il recèle de petits bijoux !

Le Dictionnaire raisonné de la réception philosophique du spinozisme indique brièvement qui sont les lecteurs morts (mais où sont les femmes ?) les plus célèbres de Spinoza.

La maniabilité de l'ouvrage et son appareil critique le rendent probablement bienvenu dans une bibliothèque de spinoziste !


Quelques entrées du Glossaire

Trois entrées du Glossaire du spinozisme sur la notion d'idée
Idée / Idée adéquate / Idée claire & distincte

Pour PFM, les caractères de l'idée vraie sont au nombre de quatre:

  • cohérence
  • non-contradiction
  • clarté
  • distinction.

Thibaut Gress pour sa part y consacre presqu'une page dans son Glossaire du spinozisme.

La NÉCESSITÉ renvoie à ce qui ne peut pas ne pas advenir. La nécessité régit

  • les relations causales
  • & la liberté.

La SUBSTANCE est traversée par la nécessité. La substance exclut toute présence d'une contingence réelle.

TG en tire ceci: le POSSIBLE disparait des catégories de l'existence: « Seule l'ignorance des causes peut susciter la croyance » que des possibilités multiples existent. « L'ignorance fait naitre l'impression d'une pluralité de possibles entre lesquels nous n'aurions qu'à choisir. »
(C'est bien la première fois que je comprends la nécessité spinozienne...)

L'IDÉE ADÉQUATE: l'adéquation renvoie à l'idée d'égalité. Ce qui est adéquat est ce qui a été rendu égal. L'idée adéquate est une idée complète: elle se suffit à elle-même.

Toute idée affirme un objet. Une IDÉE ADÉQUATE

  • porte uniquement sur les propriétés communes à tous les corps dont nous avons l'idée;
  • affirme de manière exchaustive les propriétés universelles des corps.
  • permet de se représenter
    • clairement
    • & distinctment
      • les propriétés
        • exhaustives
        • & universelles
      • d'un type d'objet donné (la sphère, le cercle, la substance, le corps étendu...).
  • renvoie à l'impossibilité que le corps réellement étendu contienne d'autres propriétés communes que celle que nous représente l'idée adéquate.
  • ne permet pas de passer
    • de la pensée
    • à l'étendue puisque tout se joue au niveau des propriétés communes que nous nous représentons intellectuellement.
  •  n'a pas à s'accorder avec l'objet puisque
    • elle est l'objet lui-même
    • cet objet est épuisé par les propriétés
      • que l'idée adéquate présente
      • & que s'établit ainsi une ÉGALITÉ dont l'idée porte le nom.

Le nombre d'objets qui peuvent s'identifier à une idée adéquate est restreint: la SUBSTANCE est une idée adéquate (& serait bien la seule...).

[La NATURE] (Dieu) est substance

  • unique
  • infinie
  • cause de soi.

Rien n'existe en dehors de cette substance.

La lecture de cette page écrite par Thibaut Gress est séminale. Elle pourrait même bien faire avancer le Schmilblick !

 

 


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