Il trainait in-fini, lecture abandonnée aux alentours de la page 180 (sur 428), dans une caissette d'ouvrages en attente sur la table d'appoint à côté du bureau face à la fenêtre hivernale si grise. Le bandeau insistait sur la présence de Walter Benjamin dont le suicide sur les hauteurs de Port Bou dans les Pyrénées Orientales m'était connu, suite à mes nombreux séjours colliourencques.
Reprise. Hésitant quant à la véracité absolue des citations du philosophe allemand, je viens de passer le temps qu'il faut à lire l'entretien accordé par A. Bellanger à Jérome Delclos dans Le Matricule des Anges n° 240 de février 2023, dont le dossier est consacré à ... Walter Benjamin ! Tiens donc, me dis-je et vous écris-je dans la foulée.
Ce qui m'a susurré d'aller vérifier ? Les quatre dernières pages du "roman philosophique" (dixit Jérome Delclos) qui contient un article fictionnel paru dans ... Le Matricule des Anges de janvier 2023 (le n°239 donc qui ne contient évidemment pas cet entretien avec l'éditrice du roman de François Messigné qui a mis 5 ans à composer le texte sur une presse à caractères mobiles...)
Bref, les mises en abyme abondent. Ce constat opéré à la date de création de cet article sur Nulle Part porte au visage un sourire... soulignant le "Bien vu !" légèrement autosatisfait que n'avaient constaté aucun des deux autres recensions trouvées sur LMDA et sur EN ATTENDANT NADEAU, de la plume de Jean Lacoste, datée du 15 3 2023.
C'est en effet un roman multicouches qui m'en a appris plus que je n'en savais déjà, notamment grâce à certains petits volumes des éditions Allia, sur W. Benjamin. Au vu de mon abandon du roman, je me demande si la plume d'Aurélien Bellanger n'a pas été un peu trop enthousiaste à étoffer les pistes pourtant bien intéressantes, mais un fifrelin trop insistantes peut-être, un peu comme si se restreindre n'avait pas eu voix au chapitre.
Cette Benjaminerie est selon toute vraisemblance bien documentée. En quoi c'est un roman m'échappe en partie; en tout cas, le sérieux de l'assemblage de sources disparates parait crédible. Ou bien suis-je trop crédule ? Je me suis en tout cas posé la même question que celle dont Jean Lacoste s'ouvre à nous dans sa chronique: « Le recenseur, passé le premier texte, n’a pas cherché à vérifier si telle ou telle lettre, tel ou tel document était authentique ou non ; ce serait dissiper l’intérêt du tour de force, négliger toute l’impressionnante érudition benjaminienne qui est ainsi mobilisée. Tout est faux, tout est vrai. »
Le petit monde germano-pratin s'est probablement bien amusé de cette parution.
Et, oui: je ne crois pas que je terminerai de lire cet ouvrage...