Quand l'italique embrasse l'art du conteur, cela donne XVII chapitres enchâssés dans une trame narrative qui dévoile à l'invité d'un soir autant de tribulations possiblement vécues en d'autres temps par le narrateur.

&, à la dernière page: En sirotant une tisane exquise, le visiteur « lève les yeux vers le maître de maison.
" Je dois vous faire un aveu. J'ai peine à croire qu'un paysan illettré ait été capable de tracer un tel récit.

— Nulle part il ne se targue de l'avoir rédigé d'une seule haleine. ... »


Le chemineau, le vagabond agricole, va par les campagnes offrir sa force de travail contre quelqu'aliment & un lit de paille au fenil pour la nuit froide; un buisson plus épais que les autres fait aussi l'affaire à la belle saison, moyennant quelques aménagements accueillants. Il finira même par exiger une rémunération lorsque, elle évanouie, il s'installe plus longuement:

« À partir de ce soir-là, j'ai fait quelque chose de nouveau & qui me coûtait. J'ai commencé à demander de l'argent pour mon travail. Le premier à qui j'ai fait cette demande a ouvert de grands yeux. Il ne s'attendait pas à celle-là. Cela ne lui plaisait guère, mais notre affaire était engagée & il n'a pas voulu reculer. ... Or, par chez nous, les gens n'aiment guère dépenser de cette manière, même ceux qui vous donneraient avec générosité ce qu'il vous faut pour manger ou pour vous habiller. » 135

L'observation est finement ciselée; les lourds secrets campagnards tiennent aussi en cela.


Chaque chapitre nous offre l'occasion d'apprécier cette belle langue qui y déploie ses atours en effusions où les corps en sortent apaisés. Ses chemins convolent récurrence vers cette jeune bergère qui trouvera mari en son absence.

Dix-sept chapitres, autant d'épisodes d'où la psychologie (la véracité) des personnages en présence (fort rapprochée...) est peaufinée, tout comme le sont le vocabulaire, la syntaxe et l'intrigue qui rebondit, telle la vie qui va, frôlant parfois quelque abîme dont il convient de se méfier. Un dosage subtil entre ces ingrédients assure une lecture au rythme tenu. Il y a de l'étoffe dans cette prose-là. S'y édifie une trame narrative dont la sexualité est partie prenante, telle la vie qui va.

L'histoire de la bergère, lecture achevée, s'invite à en prolonger le récit muni des non-dits qui l'enveloppent. Il n'est nul besoin qu'il se précipite: il se fomente dans ce silence marqué par la langue magique de l'hyponyme majuscule. L'inventivité des jeux érotiques est en adéquation avec l'art consommé dont l'auteur fait preuve dans le cycle des Contrées.

 

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