L'artiste Fabienne Verdier nous confie ceci dans Passagère du silence: 10 ans d'initiation en Chine: « Vivre en ermite,...
c'est une attitude de l'esprit qui engendre
- un certain regard sur le monde,
- certaines relations avec les autres.
C'est parvenir à être bête, ce qui est bien difficile quand on est devenu intelligent. » L'ermite de la forêt, qu'elle a rencontré, lui « exipliqua le mot chinois yun: dans son sens moderne, il veut dire rime mais, de façon plus large, rythme. Celui-ci est capital pour la musique mais aussi dans les autres arts, comme l'art de vivre. Sans rythme, il n'y a pas d'art. Cependant, à l'origine, ce mot avait un autre sens; il signifiait raffinement. » En passant « du raffinement au rythme, on en a simplement réduit le sens. »
L'ermite de la forêt poursuit: « Cultive le raffinement de ta pensée, de ta conduite; ainsi tu seras plus humaine. Ce qui est inhumain, & même à l'opposé de la vie, de son évolution, c'est la vulgarité & la violence. Les plantes & les animaux eux-mêmes n'ignorent pas le raffinement. » 221
Ce raffinement convient à décrire l'effet qu'ont sur moi beaucoup de poèmes de F. Jacqmin. Tous ne l'y exercent pas avec la même intensité; cependant, y percevoir une vibration qui entre en résonance avec celle de notre lecture s'harmonise avec un raffinement instantané, tel qu'il peut affleure lorsque deux personnes reconnaissent en l'autre une pulsation partagée, une forme de délicatesse commune, bien au-delà des mots. C'est à cette forme de complétude que tant de poèmes jacqminiens tendent.